samedi 28 juin 2008 par Fraternité Matin

Le vendredi 29 juin 2007, le Premier ministre Guillaume Soro, à bord du Fokker 100, s'envole pour Bouaké, fief des Forces nouvelles (Fn). Objectif, installer les magistrats désignés pour les audiences foraines dans le cadre du processus de paix tel qu'élaboré par l'Accord politique de Ouagadougou (APO). L'avion du chef du gouvernement est attaqué à la roquette et à la kalachnikov, à son atterrissage sur l'aéroport de Bouaké, peu avant midi. Si Guillaume Soro, par ailleurs Secrétaire général des Fn sort indemne de l'attentat, il n'en est pas de même pour Sékou Doumbia et Souleymane Sérifou, tous membres du protocole en service à la Primature, le lieutenant Drissa Ouattara et le caporal Siaka Diomandé, respectivement chef de sécurité et garde du corps du Premier ministre, qui sont tués. Plusieurs blessés graves et légers sont enregistrés. Malgré la situation tendue, M. Soro procède à l'installation des magistrats le même jour. Et soutient que rien ne pourra le faire reculer sur la route de la paix telle que tracée par l'APO. Dans les jours qui suivent, à Bouaké où le Premier ministre, très affecté, reste quelques jours pour se remettre de l'attaque, l'on assiste à un ballet des forces vives du pays, notamment la classe politique. Chacun vient lui exprimer sa compassion. Le Président de la République, Laurent Gbagbo, de retour d'un sommet de l'Union africaine (UA) à Accra le dimanche 1er juillet, se rend au chevet des blessés de l'attentat, admis à la Polyclinique Sainte Anne Marie (Pisam) d'Abidjan. Mais qui a attenté à la vie de Guillaume Soro ? La question est sur toutes les lèvres. La polémique et la suspicion vont bon train et cèdent vite le pas aux accusations. Ainsi, des responsables des Fn accusent ouvertement les Forces impartiales, surtout la Licorne, de n'avoir pas sécurisé l'aéroport dont elles ont la charge. De même, le commandant de la zone sud, le commandant Chérif Ousmane, que l'on dit opposé à l'APO, est mis à l'indexe ainsi que le sergent-chef IB. La Justice, par la voix du procureur de la Cour d'appel de Bouaké, Fodio Kadio Abo, indique qu'elle engage des poursuites pénales contre les auteurs (qui restent à identifier) de l'attentat. Le juge d'instruction de Toumodi est chargé de la conduite de l'information judiciaire. Le Premier ministre, lui, réclame une enquête internationale. Il faut que l'enquête internationale aille vite Je veux que cette enquête aboutisse pour que plus jamais cela ne se produise?, clame M. Soro. Aucun de mes chefs militaires n'est mêlé à cette affaire. Ce sont des gens qui ont été envoyés. Ce sont des professionnels. On veut brouiller les pistes (ceux qui accusent par exemple Chérif Ousmane, ndlr). Mais je ne me laisserai pas distraire?, soutient le patron des Fn.
Le mercredi 11 juillet, le gouvernement, lors d'un Conseil des ministres extraordinaire, décide de saisir le Secrétaire général des Nations unies aux fins de la mise en place d'une commission internationale d'enquête?. A cette même séance de travail avec les ministres, le Chef de l'Etat décide de l'organisation d'obsèques officielles pour les victimes de l'attentat de Bouaké. En septembre, une délégation de l'Onu arrive à Abidjan. Objectif ? Clarifier avec le gouvernement ivoirien, la nature de la demande qui a été faite par le Président de la République au Secrétaire général, d'une enquête indépendante sur l'attentat? de Bouaké, précise Terseli Loial, le chef de la délégation composée de quatre membres. Mais qui a voulu tuer Guillaume Soro? Aujourd'hui, soit exactement un an après le drame, la question reste entière.

Pascal Soro



Des pièces à conviction à la disposition de la justice?

La commémoration de l'attentat contre le Premier ministre fera l'objet d'une cérémonie ce week-end, dans le fief des Forces nouvelles. Mais, aujourd'hui, la question que l'on se pose, c'est de savoir où en est l'enquête. Une instruction judiciaire nationale est en cours. Le juge d'instruction de Toumodi conduit cette enquête préliminaire?, a dit le porte-parole du Premier ministre au terme du point de presse. Méité Sindou en a profité pour donner une information importante: Des pièces à conviction sont à la disposition de la justice?. Y a-t-il une procédure internationale concernant cet attentat qui a endeuillé des familles?
Sur ce point, le conférencier s'est voulu très précis. En effet, selon lui, la mise en place d'une commission internationale demandée par les autorités ivoiriennes a été refusée par les Etats-Unis. Il a fait savoir que le secrétaire général de l'ONU a envoyé une mission exploratoire. Avant de demander qu'une commission nationale soit mise en place et soutenue par des commissaires de l'ONU. Cette proposition, souligne Méité Sindou, a été refusée par les autorités ivoiriennes?.

Emmanuel Kouassi

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