lundi 2 juin 2008 par Nord-Sud

Le ministère de l'Intérieur recommande aux cadres supérieurs de la santé de ne reconnaître désormais que Sanogo Adama comme secrétaire général de leur syndicat, en lieu et place du Dr Amichia Magloire. Dans cet entretien, son premier secrétaire général-adjoint dénonce une tentative de prise en otage de leur syndicat par le parti au pouvoir.





?Votre syndicat vient d'envoyer une motion de protestation au gouvernement. Peut-on savoir ce qui motive cette réaction ?

Effectivement, réunis en assemblée générale le 29 mai à l'Insp, le Syndicat national des cadres supérieurs de la Santé de Côte d'Ivoire (Synacassci) a vigoureusement protesté et a adressé une motion de protestation au gouvernement. Depuis le 13 mai, le préfet du département de Lakota a informé nos camarades médecins, pharmaciens, chirurgiens, dentistes et vétérinaires de cette localité, de ce que, suite à une note du gouvernement, ils ne doivent reconnaître que Sanogo Adama comme secrétaire général du Synacassci. Pour nous, il est inadmissible d'accepter une telle décision d'autant plus que ce n'est ni le gouvernement ni le ministère de l'Intérieur qui choisissent les secrétaires des syndicats. Donc pour nous, membres du Synacassci, c'est lors du dernier congrès ordinaire du 20 octobre 2005 que nous avons élu le camarade Amichia Magloire comme secrétaire général du Synacassci pour un mandat de 3 ans.

Selon le courrier que nous avons reçu, le gouvernement par le biais du ministère de l'Intérieur dit que c'est le congrès qui a plutôt entériné l'élection de Sanogo et que celle-ci serait valable.





?Ne craignez-vous pas de défier le gouvernement ?

Nous ne défions pas le gouvernement. Il ne peut pas décider que le congrès est légal. C'est un congrès de dissidents, qui n'a pas réuni toutes les modalités d'un congrès ordinaire du Synacassci. Et cela, la justice même le sait. Ce soit disant congrès a été tenu depuis juin 2007. Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu jusqu'à maintenant pour décider ? Surtout que depuis lors, Amichia a toujours été le représentant légal du Synacassci et qu'il a toujours conduit les délégations du Synacassci devant le président de la République et toutes les autorités de ce pays ? Pourquoi subitement ce revirement de situation ? Nous pensons que nous ne faisons pas de bras de fer avec le gouvernement, mais nous ne reconnaissons pas cette décision.





?Qu'est-ce qui explique selon vous cette récurrence de l'immixtion du gouvernement dans les affaires de votre syndicat?

Nous nous posons la même question. D'autant plus que ce n'est pas le seul syndicat sur l'échiquier national où il y a des dissidents. Nous savons aussi que ceux qui tirent les ficelles au niveau du Synacassci, ce sont des barons du parti au pouvoir. Ils cherchent des coups de main en allant rencontrer leurs camarades de parti qui ont de hauts postes dans le gouvernement pour pouvoir s'emparer du Synacassci. Mais nous le disons, ils ne pourront pas le faire. Ils ont besoin de cette dissidence pour pouvoir toujours continuer de piller les biens du syndicat. Mais nous sommes debout face à cette situation, parce que ceux qui man?uvrent dans l'ombre ont été des anciens secrétaires généraux du Synacassci. Et nous les connaissons. Leurs man?uvres ne peuvent pas prospérer parce qu'ils veulent créer tout cela pour pouvoir nous emballer sur d'autres problèmes.





?Que ferez-vous si le gouvernement persiste ?

L'assemblée générale décidera. C'est elle seule qui peut décider. Pour le moment, lors de l'assemblée générale du jeudi 29 mai, nous ne sommes pas encore partis dans le sens d'un mot d'ordre de grève. Mais comme le gouvernement dit que les activités du bureau exécutif conduit par Amichia Magloire ne seront pas reconnues, nous attendons pour voir. Nous avons tenu une assemblée générale le jeudi 29 mai et il n'y a pas eu d'interdiction de cette assemblée. Mais si d'aventure il y a d'autres activités que nous voulons mener et qu'il y a une interdiction, en ce moment, le Synacassci va sortir ses griffes. Je voudrais lancer un appel à l'endroit des autorités pour leur dire que le Synacassci est un syndicat comme tous les autres syndicats et n'a pas de couleur politique. Tous les membres de ce syndicat ne défendent que leurs conditions de vie et de travail. Chaque militant a sa couleur politique. Nous ne parlons pas de politique au sein de notre syndicat. Nous demandons aux autorités de se ressaisir et faire marche arrière. Il n'y a pas de honte à cela. Mais nous disons qu'ils ont sans doute été trompés par ceux qui mènent le combat d'avant-garde pour déstabiliser le syndicat. Nous faisons confiance à l'autorité, au gouvernement, au ministère de l'Intérieur, à la présidence pour que ce problème soit résolu définitivement. Nous demandons à nos camarades d'être calmes sur toute l'étendue du territoire, de vaquer à leurs occupations, mais d'être mobilisés, d'être à l'écoute du bureau national. Si jamais un membre du bureau national, un secrétaire de section, un membre simple ou le secrétaire national est arrêté, nous n'allons pas nous laisser distraire. Nous allons aller en rang de bataille pour une riposte appropriée.





Interview réalisée par Mamadou Doumbes

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