mercredi 28 mai 2008 par Le Nouveau Réveil

Trois ans après la visite de la Haut Commissaire aux Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, je suis heureuse des progrès constatés sur plusieurs fronts, notamment dans le domaine des droits de l'homme, depuis la signature de l'Accord Politique de Ouagadougou. Durant ma brève visite à Abidjan, j'ai rencontré les différents acteurs ivoiriens, y compris SEM le Premier Ministre, le Ministre de la Justice et des Droits de l'Homme, le Secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères, la présidente de la Commission nationale des droits de l'Homme, les représentants des ONG nationales des droits de l'homme et les membres des clubs scolaires des droits de l'homme à Abidjan. J'ai aussi eu des entretiens avec les acteurs de la communauté internationale, dont le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, les membres de l'équipe-pays des Nations Unies, ainsi que les membres du corps diplomatique accrédités en Côte d'Ivoire.
Au cours de mes échanges avec les officiels du Gouvernement, j'ai été rassurée par leur prise de conscience de l'importance des droits de l'homme comme un élément clef pour garantir un environnement pré-électoral pacifique et pour jeter les bases d'une paix et d'un développement durables en Côte d'Ivoire. Le Premier Ministre a constamment réitéré sa ferme conviction que le respect des droits de l'homme est essentiel dans le processus actuel de sortie de crise et devrait être partie intégrante du processus de mise en ?uvre de l'Accord Politique de Ouagadougou. J'ai été touchée par la volonté du Ministre de la Justice et des Droits de l'Homme d'explorer la possibilité de développement d'une stratégie nationale pour la protection et la promotion des droits de l'homme, et de mettre en place un mécanisme interministériel de lutte contre l'impunité. Au cours de ma rencontre avec le Secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères, j'ai exprimé mes préoccupations au sujet de l'Ordonnance du 12 avril 2007 portant Amnistie dont certaines dispositions semblent ne pas être en conformité avec les dispositions sur l'amnistie contenue dans l'Accord Politique de Ouagadougou ainsi qu'avec la Loi d'Amnistie de 2003. Je saisis cette opportunité pour rappeler les principes universellement reconnus du droit international et des pratiques des Nations Unies selon lesquels aucune amnistie n'est envisageable pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité et autres violations graves des droits de l'homme. A cet égard, j'ai encouragé le gouvernement à réviser l'Ordonnance du 12 avril 2007 portant Amnistie en vue de la rendre conforme aux normes internationales.
Les mois critiques à venir précédant les élections présidentielles et législatives, sont une opportunité pour donner plus de visibilité et mettre en relief les questions importantes des droits de l'homme et en particulier les violences sexuelles et celles basées sur le genre. Comme dans plusieurs sociétés post-conflit, la culture de l'impunité se manifeste souvent dans les violences sexuelles et les violences faites aux femmes. Prendre des dispositions concrètes en vue de traduire les responsables de tels actes devant la justice est un pas important dans la lutte contre l'impunité et présente des implications positives et plus larges pour relever les défis en matière des droits de l'homme. J'ai été positivement marquée par la collaboration qui existe entre la Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI, (qui représente et qui est soutenue par le Bureau du Haut-commissariat aux Droits de l'Homme) avec les partenaires nationaux, notamment le gouvernement, les organisations de la société civile ainsi que la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH). A cet égard, j'encourage les autorités à étendre leur coopération avec les mécanismes internationaux des droits de l'homme et de justice, dont le Rapporteur Spécial sur les déchets toxiques ainsi que la Cour Pénale Internationale qui ont manifesté leur intention de visiter la Côte d'Ivoire dans le cadre de leur mandat. S'agissant des membres de la société civile et de la nouvelle CNDH, le Bureau du Haut-commissariat aux Droits de l'Homme est disposé, en collaboration avec l'ONUCI, à apporter l'assistance nécessaire pour renforcer leurs capacités en vue de promouvoir les droits de l'homme durant les périodes pré-électorale, électorale et post- électorale. J'ai été émerveillée par la rencontre que j'ai eue avec des centaines d'élèves membres des clubs des droits de l'homme venant de 26 établissements scolaires d'Abidjan et qui m'ont donné un sentiment d'optimisme pour l'avenir de la Côte d' Ivoire. Je quitte la Côte d'Ivoire convaincue par la détermination de toutes les parties que j'ai rencontrées, de mettre les droits de l'homme au centre de leurs actions en vue d'affronter les nombreux défis des mois à venir. Le Bureau du Haut Commissariat aux Droits de l'Homme à travers la Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI demeure un partenaire engagé et disponible. Les résultats de ces actions, comme je l'ai rappelé à mes interlocuteurs, seront discutés quand la Cote d'Ivoire rencontrera le Conseil des Droits de l'homme à Genève l'année prochaine, dans le cadre du mécanisme de revue périodique Universelle nouvellement créé.
Source: onuci.org

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