lundi 12 mai 2008 par Le Repère

Madame la présidente, on serait tenté de se demander que devient l'organisation des femmes que vous dirigez ?

La coalition des femmes leaders de Côte d'Ivoire se porte bien, elle se porte même très bien. Elle a eu des activités très médiatisées à un moment donné. Aujourd'hui, c'est le temps du travail dans l'ombre pour pouvoir produire des fruits et c'est à cela que nous nous attelons.

Il ne serait pas mieux de travailler d'abord dans l'ombre avant de faire des activités très médiatisées comme vous l'avez dit ?
Je disais qu'on a travaillé dans l'ombre. Il a fallu médiatiser ce que nous avions concocté parce qu'à ce moment là, nous parlions de visibilité des femmes. Il n'y a pas meilleur moyen de montrer que les femmes peuvent être visibles et doivent être visibles que de rendre visible notre organisation à travers le programme que nous avions mise en ?uvre, notamment avec ce grand programme que avons appelé " Pourquoi pas une femme ". Ensuite, nous avons eu un autre programme visible. Parce que notre objectif c'est de promouvoir les femmes aux instances de décision. Et nous avons essayé de promouvoir toutes celles qui étaient leaders dans leur secteur d'activité. C'est comme cela qu'en 2006, nous avons eu "Leaders". Maintenant, nous entrons dans une phase de réflexion technique. Vous savez qu'à travers "Pourquoi pas une femme" et même à travers notre programme, nous avons un challenge. C'est celui des élections à venir. Nous nous sommes constituées. Nous avons dit qu'il fallait plus de femmes au parlement, plus de femmes maires et que les femmes soient promues en politique et qu'elles s'expriment. Les élections à venir nous donnent l'occasion de travailler techniquement pour que ces femmes puissent exploser. Et donc, actuellement, nous sommes en train de travailler sur les propositions techniques que nous pouvons faire aux partis politiques, aux gouvernants pour qu'il y ait encore plus de femmes candidates aux prochaines échéances électorales.

Vous avez dit "Pourquoi pas une femme". Nous vous rétorquons, pourquoi forcément une femme ?
Il faut des femmes parce que, vous savez, la vie est dualité. Nous avons été créés homme et femme. Nous sommes complémentaires. Nous avons des manières complémentaires de réfléchir. Pour la gestion de ce monde, il faut que des idées complémentaires se mettent ensemble pour que ce monde puisse évoluer. Et c'est parce que nous nous sommes rendues compte que la gestion de ce monde a été bâtie sur une seule manière de voir, celle des hommes. On ne fait pas de reproche. On ne dit pas que c'est bon. On ne dit pas que c'est mauvais. On dit que ce n'est pas assez. Parce qu'il y a des femmes à côté, il faut qu'elles participent à la gestion de ce pays. Parce que c'est une citoyenne à part entière comme tout le monde. Elles ont le droit aussi de participer à la gestion de ce pays. Elles ont le droit d'échouer, elles ont le droit de réussir. Et ce droit, elles ne peuvent l'exercer que si on leur donne la chance de pouvoir s'exprimer en tant que citoyenne. Pour nous, c'est une question de jeu démocratique. On dit que la démocratie, c'est le gouvernement du peuple par le peuple. Le peuple composé d'hommes et de femmes. Et pourquoi il serait uniquement gouverné par des hommes ? Il faut que ce soit hommes et femmes.

Vous avez l'impression que les femmes sont rejetées ou bloquées, ou bâillonnées ?
Je dirais qu'elles ont été culturellement bâillonnées, dans un premier temps. Deuxièmement, elles ont été rejetées quelque part parce qu'elles n'ont pas la même façon de raisonner. Comme l'homme ne la comprend pas, automatiquement il se dit, elle n'est pas valable.

Selon vous, quelle est la façon de raisonner des hommes qui rejettent les femmes ?
Les hommes raisonnent beaucoup en termes de pouvoir. Les hommes raisonnent énormément en termes de perspectives. Ils ont de grandes idées. Mais la femme raisonne en termes beaucoup plus pragmatiques. Elle est pragmatique. Oui, tu veux aller sur la lune, mais pour y aller, il faut construire une fusée. Avant de construire une fusée, il faut dessiner la fusée, avant de dessiner la fusée il faut faire des études de sciences physiques. Voici la démarche pragmatique qu'en général les femmes apportent.

Ramenons cette description au plan politique
Sur le plan politique, vous n'allez pas me contredire. Les hommes ont de grands desseins. Ils veulent être maires, députés. Ils veulent faire de grandes choses, mais quand ils arrivent sur le terrain qui est ce qu'ils cherchent ? Ce sont les femmes qu'ils cherchent pour mettre tout cela en ?uvre et c'est très clair. Et on leur a dit c'est bien, vous êtes l'applaudimètre c'est bien. Vous êtes celles qui mettent en place le programme des autres, c'est bien, mais vous-mêmes, vous pensez quoi ? Est-ce que ce que vous pensez est pris en compte dans ce qui doit être mis en ?uvre. Dans le programme politique, cela se voit. On a d'ailleurs saisi l'opportunité de la 1525 pour dire dans les négociations qu'il n'y avait pas de femme. On a pris une décision, ensuite une deuxième après une troisième. On est reparti. Peut-être que les femmes auraient réussi quelque chose de plus pratique et plus pragmatique. On a traîné parce qu'il n'y avait pas de femme. On a vu de grandes idées, on a vu de grandes choses, mais au moment de les mettre en ?uvre ou a bien été calés.

Ouaga a été signé par des hommes, pas par les femmes ?
Mais ce n'est pas suffisant. Ouaga a été signé par des hommes certes, Ouaga a eu des avancées certes, mais Ouaga n'a pas eu suffisamment d'avancée à ce jour. On nous dit que les élections auront lieu le 30 novembre. On est tout à fait d'accord, mais entre aujourd'hui, (on est presqu'à la moitié de l'année) et le 30 novembre, on se pose la question, si c'est une fusée que nous allons prendre ? Comment nous allons faire pour y arriver et y arriver de façon pragmatique, étape par étape et de façon programmée. Voilà la question qu'on se pose.

Les femmes ont-elles la solution ?
Il faut leur poser la question. Il faut poser la question aux femmes et penser qu'elles ont des idées qui peuvent nous aider à aller vite.

Donc vous ne croyez pas au 30 novembre ?
J'y crois fermement et je m'y attache. C'est comme au début on ne croyait pas qu'il fallait aller sur la lune. Il a fallu bien découvrir la fusée qui allait nous permettre d'arriver sur la lune. Avant d'aller sur la lune, c'était une utopie. Novembre, ça peut paraître une utopie. Mais si nous nous mettons au travail maintenant, si les choses sont programmées comme elles se doivent, que les luttes de pouvoir s'estompent quelque peu, pour que la paix réaliste et pragmatique avance, nous pouvons arriver au 30 novembre. Moi, je suis de nature très optimiste. Mais, cela veut dire qu'il faudra y aller de façon sereine, de façon sûre, de façon concertée.

Alors, avez-vous le sentiment qu'il y a des luttes de pouvoir qui plombent l'avancée vers le 30 novembre ?
La politique, c'est la lutte des pouvoirs. Je veux dire, c'est une lutte des pouvoir. On veut aller à des élections, on a des parties prenantes qui veulent aller aux élections ou qui organisent les élections. Il y a des luttes de pouvoir. Cela se sent.

Proposez-vous que ces personnes puissent se mettre à l'écart ?
Cela aurait été peut-être une des solutions. Une solution qui serait plus transparente et qui permettrait aux uns et aux autres de se consacrer aux campagnes électorales, de laisser les techniciens aller jusqu'au bout dans l'organisation des élections. Parce que je suis désolée, depuis Marcoussis, on a essayé de mettre en place des gouvernements de partis. Bon Dieu ! Depuis quand un gouvernement de partis peu permettre le développement d'un pays ? Chaque parti vient au gouvernement pour préserver ses acquis et emmagasiner suffisamment pour les élections. Je suis désolée. On a eu un premier gouvernement, un deuxième gouvernement. Mais, les gouvernements de partis n'ont jamais rien donné.

Le problème des accords aujourd'hui, selon vous, ce sont les politiques qui gèrent leur application. Aurait-on dû donc laisser cette application aux techniciens ?
On ne peut pas gérer des accords politiques, en étant soit même politique ; c'est travailler en essayant de préserver sa position. Et c'est cela, c'est travailler en essayant de préserver sa position, en essayant de conforter sa position. C'est difficile, c'est même humain. Leur demander de travailler simplement dans l'intérêt de l'Etat sans prendre en compte leur propre intérêt ou l'intérêt de leur parti c'est inhumain. C'est cela qui arrive. Pourquoi est-ce qu'il y a des blocages dans toute cette histoire de lutte électorale ? Pourquoi est-ce qu'il y a eu tant de blocages par rapport aux audiences foraines ? Parce qu'il y avait des intérêts politiques derrière. Et l'erreur que nous avons commise est de lier la sortie de crise au départ aux élections. Qui dit élection dit lutte de pouvoir, lutte d'influence et automatiquement tout ce que nous avons à faire devient des éléments de lutte d'influence ou de pouvoir. Les audiences foraines, c'est quelque chose de très serein, de très simple. Mais dès lors qu'il y a la perspective de la liste électorale, cela devient un problème politique. L'enregistrement d'un individu devient politique lorsqu'il y a perspective d'élection derrière. Mais les êtes humains ont bien besoin d'être immatriculés quelque part.

Madame, j'aimerais que vous puissiez préciser quelque chose que je n'ai pas bien compris. Demandez-vous la démission du Président Gbagbo et du Premier ministre Guillaume Soro pour arriver sereinement aux élections ?
Non, on n'a pas besoin de démissionner. Le Président de la République il est président de la République, dans n'importe quel pays démocratique pour aller aux élections, le Président n'a pas besoin de démissionner. On est dans une situation particulière. La gestion des élections doit être faites par des personnes qui sont les moins politiquement engagées.

Mais la CEI est indépendante
Indépendante d'accord ! Elle est composée de personnes, membres des différents partis politiques. Je veux dire, on parle d'indépendance, mais l'indépendance, elle est venue après ! Ok ! Cela a été au niveau de la société civile, la première des choses que nous nous sommes dit. Nous avons fait des analyses avant d'arriver à la conclusion que, pour un pays qui sort de crise, une CEI hautement politisée est une étincelle. Avant que cette CEI n'atteigne sa vitesse de croisière, qu'est-ce qu'on n'a pas eu comme palabres ? Avant que cette CEI finisse par se déterminer comme indépendante. Mais nous attendons les élections pour voir à quel degré cette CEI est indépendante, jusqu'à quel degré cette CEI va tenir. Donc, les individus qui la composent sont tous des représentants de partis politiques. On en arrivera au moment où il va bien y avoir une tension et on verra si elle pourra réussir à être indépendante et à maintenir cette cohésion. Ce que nous souhaitons c'est que ces personnes là nonobstant leur appartenance politique travaillent vraiment dans l'intérêt de la Nation. Je disais donc qu'ils n'avaient pas besoin de démissionner. Il s'agit plutôt de s'entourer de personnes, je ne dirais pas suffisamment neutres, mais pas engagées en politique pour que les élections donnent déjà cette impression de transparence et soient réellement transparentes. Il n'y a pas besoin de démission à ce niveau, c'est une question d'organisation. Mais malheureusement, on fournit d'abord des personnes engagées en politique.

Pourquoi pensez-vous qu'il y aura nécessairement tension ?
Je vous dis vous êtes dans un environnement qui est très politisé, vous avez des personnes à l'intérieur qui proviennent de partis politiques, pour travailler dans l'objectif de la Nation pendant un moment donné, et cette tension il faut qu'elle arrive pour qu'on juge de l'indépendance ou de l'esprit d'indépendance des personnes qui composent la CEI. Il faut bien que cela arrive à un moment donné, que devant l'intérêt de la Nation, on voie comment la composante de cette CEI se mobilise et comment elle peut faire corps autour de l'organe pour que les choses avancent. Et je pense que cela va arriver, parce que pour l'instant elle travaille sur le terrain. Mais arrivés à un moment, les uns et les autres vont vouloir préserver les intérêts de leurs différents partis. C'est à ce moment-là qu'on verra la force de caractère des membres de cette CEI. Pour l'instant, c'est l'entraînement. Des choses viendront à un moment donné. Il est important ce choc. Il faut que cette tension arrive pour qu'on détermine la capacité de ses membres à être vraiment des agents de la Nation et non des membres de leurs partis politiques. C'est prévisible parce que quand on parle d'élection on est dans un jeu d'intérêts. Mais ici c'est de savoir comment se mettre au-dessus de ce jeu d'intérêts et représenter l'Etat et non pas les partis. Mais, quand ils sont partis à la CEI, on a bien dit, représentant de tel parti, ou tel parti. Mais la CEI c'est pour la Nation. Donc on va voir comment ils pourront s'engager pour la Nation au détriment parfois de leur parti politique. Mais ça va venir, ça, il n'y a rien à faire.

Jusqu'à ce que ces personnes démontrent ce que vous attendez, est-ce qu'on peut dire qu'on leur fait confiance ou alors, il faut les prendre avec réserve ?
Je pense qu'il faut leur faire confiance jusqu'à ce qu'ils montrent leur défaillance. Mais il faut être conscient que ce n'est pas forcément la formule la plus facile que nous avons choisie. Une fois qu'on a choisi, on assume et on va jusqu'au bout. Mais ça ne sert à rien de se voiler la face ou de se cacher les risques, mieux vaut les exposer et travailler pour limiter ce genre de risques.

Alors si on vous demandait de dresser le profil du futur président de la Côte d'Ivoire, qu'est-ce que vous nous répondriez ?
Il faudra quelqu'un de forte conviction et qui soit un homme de principes et de valeurs. Je m'explique ; dans le jeu politique aujourd'hui, ce qui me gêne le plus et qui pour moi est la base de toute décadence, c'est qu'on n'a plus de principes, plus de valeur. Derrière le principe de la démocratie, on permet tout. Ce pays est devenu permissible à tout. Permissible à la corruption, à la fraude. C'est-à-dire droits de l'homme signifie je peux faire tout ce que je veux comme je veux quand je veux. Démocratie, ça veut dire que je peux insulter le chef ou demain me proclamer chef. Ce n'est pas vrai. On est dans un monde où il y a des règles. Donc, il faudrait quelqu'un qui ait des principes et qui puisse dire même contre son camp, ce n'est pas comme cela que ça doit se faire. Donc, il faut d'abord quelqu'un de principes et à mon avis, il faut quelqu'un qui ne soit pas entièrement marqué par la politique. Je vais m'expliquer. Nous sommes dans un pays en voie de développement. On ne peut pas gouverner la Côte d'Ivoire comme on gouverne la France ou les Etats-Unis. Ou comme on gouverne, je ne sas pas quel autre pays émergent. Nous avons un certain nombre de priorités. Et ces priorités pour que nous devenions un pays émergent, il faut les connaître, il faut les assumer. Et je pense qu'être un homme trop politique, ça nous éloigne parfois de l'essentiel. L'essentiel aujourd'hui c'est de se développer et d'apporter un bien-être à tous.

Madame la présidente, quand vos prônez que les femmes prennent les choses en main, cela sous-entend que ce sont elles qui peuvent appliquer tout ce que vous venez d'énumérer ?
Moi je dis oui. Vous savez pourquoi ? Je commence d'abord par les valeurs. Toutes ces valeurs que nous avons perdues. Moi, je regarde et je suis effrayée, et je me demande mais " qu'est-ce qu'on a fait de notre jeunesse ? ". Je regarde. Un exemple, dans les villages Ebrié, les jeunes se rebellent, ils prennent les chefferies, ils s'autoproclament chefs etc. Mais bon Dieu ! Il y a des procédures. Il faut les suivre ! La démocratie ne veut pas dire le désordre. Si nous-mêmes, nous commençons à bafouer notre propre culture, je me pose la question, de savoir ce que nous allons apporter à l'humanité. Je regarde toutes ces valeurs que nous avons perdues, je regarde même au niveau de l'éducation. Aujourd'hui, tricher ça devient normal. Donner 200F à une secrétaire pour avoir un papier, ça devient normal. Mais, bon Dieu, ce n'est pas normal ! L'anormal est devenu normal. Nous avons perdu tellement de repères qu'il est important aujourd'hui plus qu'hier de mettre les femmes aux commandes. Pourquoi ? En les mettant aux commandes, elles reviendront sur un certains nombres de valeurs. Et les valeurs, commencent d'abord à la maison dans l'éducation des enfants ensuite ça va dans la communauté, ça va dans l'exercice de sa profession, après ça va jusqu'au niveau de la Nation. Aujourd'hui, on a besoin de retrouver un certain nombre de valeurs. Je dirais même des valeurs cardiales pour permettre à ce pays de se redresser. Et qui mieux que les femmes peuvent aider à ramener ces valeurs.

Et pourquoi vous n'êtes pas candidate à l'élection présidentielle ?
Parce que je pense que c'est un peu comme les prêtres. Il vous disent ce qu'est le mariage, comment doit être le mariage. Mais, s'il n'a pas la vocation à être marié, il ne va pas au mariage. Et je n'ai pas encore la passion de la politique en tant que tel pour dire que ça me tente ou ça m'inspire de me présenter à une quelconque élection. Parce que, je pense qu'avant d'aller aux élections, c'est d'abord une question de passion. Une passion qui s'appuie sur un certain nombre de valeurs. Mais je dis cette passion je ne l'ai pas encore eue.

La candidate des femmes leaders ?
Les femmes leaders n'ont pas de candidates en tant que tel. Il y a au moins 2 ou 3 femmes candidates aux élections présidentielles. Pour l'instant, nous avons quatre (4) partis dirigés par des femmes. Un parti dirigé par une femme qui décide d'avoir un candidat mais les trois autres partis n'ont encore rien dit. Et parmi les trois partis, je sais qu'il y en a deux où les présidentes ont bien l'intension de se présenter elles-mêmes. Et peut-être que ça viendra.

Allez-vous les soutenir ?
Les femmes qui veulent se présenter nous allons les soutenir. Nous avons besoin qu'elles soient visibles, qu'elles montrent que ce sont des choses qui sont possibles. Si leur programme adhère à nos principes, il n'y a pas de raison qu'on ne les soutienne pas.

Madame la présidente, est-ce que ce discours ne choque pas la classe politique faite d'hommes présentement ? Est-ce que ce discours ne vous éloigne pas du cercle du pouvoir actuel ?
Je ne sais pas s'il m'éloigne d'eux. Je ne sais pas s'ils me le rapprochent. Ce que je sais, c'est que la classe politique a peur de ce que les femmes ont envie de venir en force. Et je me rappelle, quand on discute avec les hommes politiques, il vous disent " Vous là, vous venez déranger un cercle qui est déjà là ". Mais nous disons que nous voulons améliorer les pas de danse. Et pour améliorer les pas de danse, nous voulons danser avec vous. Je veux dire, un slow ça se danse entre homme et femme, non entre deux hommes. Mais je pense qu'ils ont plutôt peur, ils ne voient pas trop où nous voulons en venir. Je leur dirais plutôt qu'au lieu d'avoir peur, saisissez l'opportunité, parce que le parti qui va accepter de faire la promotion des femmes à l'intérieur et de présenter des femmes aux élections, ce parti aura l'assurance de l'emporter. Parce qu'on ne les oblige pas. C'est à eux de faire l'analyse et de dire que c'est un pas gagnant. De dire on va aller résolument, en offrant aux femmes l'occasion de se présenter. On ne demande pas d'imposer des femmes, on leur demande de leur offrir la possibilité de s'exprimer. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de femmes dans les différents partis politiques qui ne sont plus prêtes à juste battre des mains et aller faire la campagne pour les autres. Si on leur donne la possibilité de s'exprimer, elles seront candidates. Si on ne leur donne pas la possibilité d'être candidates, là je crois que la démotivation sera très grande.

On accuse souvent votre coordination de faire la politique des salons feutrés et récemment il y a eu des manifestations contre la vie chère notamment des ménagères, pourquoi est-ce que vous n'avez pas soutenu ces ménagères de Koumassi, de Yopougon, de Marcory qui criaient leur faim ?
La question que je veux vous poser est qu'est-ce qui vous dit qu'on ne les a pas soutenues ? Premièrement et où étaient les hommes ? La vie chère, ce n'est pas que les femmes. Vous êtes aussi concernés que moi par rapport à la vie chère. Les femmes en ont eu marre. Elles se sont révoltées. Cela a été spontané. Mais où étaient les hommes ? Qui donne la popote ?

Il y a eu un homme qui a été tué. Pour dire que les hommes étaient dans la marche
Quelques hommes étaient dans la marche. C'est pareil, c'est comme vous et moi. C'est quelque chose de citoyen. Où étions nous ? ça c'est la question que je me pose. Il n'y a pas que la coalition, il n'y a pas que les organisations féminines. Est-ce que ça veut dire que nous aussi nos portefeuilles n'en souffrent pas ? C'est la question qu'on pourrait se poser. On ne peut pas dire qu'on ne les a pas soutenues. On les a soutenues. Il n'y a pas très longtemps, le 19 avril dernier, on était à l'inauguration d'un marché de vivriers d'une des nôtres qui s'est battue pour que ce marché puisse exister. Un marché qui a coûté près d'un milliard de francs que nous soutenons pour que les vivres puissent arriver aux Abidjanais à moindre coût. C'est une question qui concerne et les hommes et les femmes. On est tous aussi victimes. Donc s'il y a une marche, que ce soit des hommes ou que ce soit des femmes qui soient concernés, on a le droit d'y participer.

Si le prochain Président de la République, vous propose un poste ministériel, quelle sera votre réponse?
Je pense que c'est une analyse personnelle que je vais d'abord faire par rapport à la vision et au programme de ce chef d'Etat et aussi par rapport à ce que je fais maintenant. Mon souci c'est d'être le plus utile possible et d'apporter quelque chose de concret aux autres. Je suis rarement dans les fanfaronnades, je suis rarement dans le "m'as-tu vu". J'ai passé toute ma carrière dans le développement. J'ai besoin de sentir que ce que je fais apporte quelque chose aux autres. Si c'est cela qu'on me propose, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Mais, je verrai le programme de ce dernier, parce que pour moi, gouverner ce pays après, c'est avoir beaucoup de principes. Des valeurs qu'on veut défendre et qu'on veut promouvoir au sein de la société.

Interview réalisée par Eddy PEHE
et André Silver KONAN
Coll : Amani (Stagiaire)

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