mardi 6 mai 2008 par L'intelligent d'Abidjan

La 9ème édition des journées d'Enseignements Post Universitaires, une initiative du Syndicat National des cadres Supérieurs de la santé de Côte d'Ivoire (Synacassci) s'ouvre le jeudi 08 mai 2008 à Yamoussoukro. Dans cet entretien, Dr Magloire Amichia, secrétaire général du Synacassci situe l'opinion sur les enjeux de cet événement majeur.

Hygiène hospitalière et hygiène alimentaire, ainsi se décline le thème de l'édition 2008 des EPU. Pourquoi ce choix ?
Il faut d'emblée faire remarquer que ce thème a été retenu par les camarades à l'issue des EPU 2007 dont les échanges ont porté sur le Sida. Et ce choix jugé pertinent par les camarades répond au fait qu'il s'agit avant tout d'un sujet d'actualité. L'Organisation Mondiale de la Santé a même choisi 2008 comme l'année de l'Hygiène. Ici, le constat que nous faisons est que nos autorités ne mettent suffisamment pas l'accent sur l'hygiène d'une manière générale. Or l'hygiène est la première arme de lutte contre les maladies. Plus l'on est propre, plus l'on est sain. La main par exemple est le vecteur de plusieurs maladies dont la fièvre typhoïde qui correspond chez nous aujourd'hui à une maladie de luxe. Combien sont les ivoiriens qui se lavent les mains avec du savon avant de manger ? Dans une large majorité, on se lave les mains plutôt après avoir mangé pour ne pas que les mains sentent ce qui vient d'être mangé. Alors que c'est le contraire qui devrait primer. Partout dans nos cités, les ordures jonchent les rues. Dans les formations sanitaires, le constat n'est guère reluisant. Là également l'hygiène ne semble pas de mise. Hormis les CHU qui ont un plateau technique relativement acceptable, les autres formations sanitaires fonctionnent avec du matériel vétuste et cela, dans une indifférence totale. Et très peu d'hôpitaux ont des incinérateurs. Ainsi nous ne savons où vont les déchets médicaux ni comment ils sont traités et gérés. Cela veut dire que les placentas, les pieds et mains amputés, les aiguilles souillées sont déversés dans la nature sans aucune protection, sans respect des normes de l'OMS en la matière.

Quels sont les risques auxquels la population est exposée face à ce manque d'hygiène que vous décrivez dans nos formations sanitaires ?
Le manque d'hygiène à l'hôpital expose les malades à de nombreuses maladies. Cela va des épidémies de choléra aux maladies infectieuses. Il y'a les infections nocosomiales très en vogue actuellement dans notre pays. Ces maladies sont acquises à l'hôpital et résultent du manque d'hygiène à l'hôpital. C'est parce que l'hôpital n'est pas propre que le patient vient attraper une autre maladie (autre que celle dont il souffre déjà). Les derniers chiffres avancent que 13 % de nos malades contractent des maladies dans nos hôpitaux. Alors que la norme est en dessous de 5 %. Pour nous, c'est une urgence que le malade qui rentre à l'hôpital pour se soigner et guérir, n'y soit pas infecté par une autre maladie. C'est un problème sur lequel le Synacassci entend attirer l'attention des autorités. Et nous allons également interpeller nos camarades aux règles d'hygiène. Les cadres supérieurs de la santé constituent le premier maillon de la santé. Si lui même ne respecte pas les règles d'hygiène, ce n'est pas aux malades qu'il le demandera. Est ce que le confrère se lave les mains d'un malade à l'autre ? Dispose-t-il suffisamment de gants ? Les porte-t-il ? Voilà autant d'interrogations qui vont meubler ces trois jours d'échanges entre cadres supérieurs de la santé de Côte d'Ivoire et des confrères de la sous région notamment du Sénégal, du Mali et du Burkina et d'Europe (Belgique, France) qui prendront part à ces assises.

Comment vont se dérouler les travaux ?
Il y aura deux conférences inaugurales qui seront animées par le ministère de la Santé sur l'Hygiène hospitalière? et celui de la Protection Animale et des Ressources Halieutiques sur l'Hygiène alimentaire et le rôle de la direction des services vétérinaires?. Ainsi que deux ateliers pratiques au cours desquels les autres confrères venus de l'extérieur vont exposer les cas dans leurs pays respectifs. Puis une table ronde sur la responsabilité civile, pénale et disciplinaire des cadres supérieurs de la santé dont l'orateur principal sera Dr François Koumoin que j'aimerais remercier pour avoir accepté d'ajouter sa partition à l'?uvre de formation continue, engagée par le Synacassci. Et les différents actes de cette édition des EPU seront remis aux autorités.

Vous avez déploré le fait que l'accent ne soit pas mis sur l'hygiène par les autorités. Mais ne pensez-vous pas que l'hygiène dans son ensemble ne relève pas seulement des pouvoirs publics ?
L'hygiène est un tout. De la même manière que les autorités ont une part à jouer, les populations également ont un rôle. L'Etat, de son côté, doit protéger la population en ce qui concerne la gestion des déchets, la sécurité alimentaire, le contrôle effectif des produits qui entrent dans le pays. Mais, il faut que la population fasse sienne l'hygiène. Il faut sortir des considérations que ce sont les autorités qui s'occupent des ordures. La gestion des ordures et par delà l'assainissement de l'environnement doit être une cause nationale. Et le Synacasci pour sa part, veut avec les EPU 2008 sortir et proposer un plan d'actions à cours, moyen et long terme pour améliorer l'hygiène hospitalière et l'hygiène alimentaire en Côte d'Ivoire. Mais, nous allons également faire le suivi au niveau des 53 sections pour que nous puissions dire en mai 2009 aux autorités et aux populations, voici ce que les professionnels de la santé ont proposé et voici ce qu'ils ont fait en matière d'hygiène hospitalière et alimentaire.

M.T.T

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