mardi 19 février 2008 par Nord-Sud

L'Etat ivoirien n'a pas de gros moyens pour faire face à l'invasion des eaux territoriales par les bateaux pirates. Le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques a plaidé hier pour la levée de l'embargo sur les pièces des patrouilleurs.

L'Etat semble avoir abdiqué devant l'invasion des eaux territoriales par les bateaux pirates. C'est du moins ce que laissent transparaître les propos du ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, Alphonse Douati. Hier au cours de la présentation du bilan de son département à Abidjan, il a précisé que la situation perdure à cause de l'inefficacité et de la faiblesse des systèmes de surveillance. C'est une véritable mesure de protection territoriale qu'il faut mettre en place. Car les bateaux qui viennent piller nos ressources sont sophistiqués et souvent surarmés. La marine marchande ne peut pas aller les traquer , a reconnu le ministre devant les professionnels du secteur. Lesquels (les armateurs) avaient, à plusieurs reprises, interpellé l'Etat sur ce danger et également sur les mauvaises pratiques de pêche qui ont cours dans les eaux nationales. Pour Douati, dans le temps son département avait octroyé un financement à la marine marchande afin qu'elle remette en état ses patrouilleurs. Mais compte tenu de l'embargo que subit notre pays, cela n'a pas été possible puisque les pièces qui étaient commandées tombaient sous le coup de cette interdiction. Or avec la crise, nous ne pouvons pas payer de nouveaux patrouilleurs, a-t-il déploré. A l'en croire, les vedettes seules ne pourront rien faire. Nous devons continuer de lutter pour que la surveillance des pêches nous conduise vers la levée de l'embargo. Cette capacité peut s'améliorer également dans le cadre de la coopération sous-régionale?, a-t-insisté, se réjouissant de la mise en place de la commission sous-régionale de surveillance. Au sujet des pratiques illicites de pêche pour lesquelles les armateurs ont dénoncé l'indolence des gouvernants, Aphonse Douati a fustigé le comportement des opérateurs. Des armateurs régulièrement inscrits sur nos registres et qui ont été jugés aptes techniquement après inspection, adoptent des pratiques qui ne sont pas conformes une fois sur la mer. Ils n'utilisent pas également les mailles réglementaires, pourtant à l'inspection ce sont ces mailles qu'ils nous montrent.





L'embargo, un frein



Aucun armateur ne respecte cela. Qu'il soit Ivoirien ou non, a décrié le ministre. Toute chose qu'il l'a amené à suspendre 13 armateurs qui pratiquaient la méthode de chalut b?uf dans les zones interdites jusqu'à ce que ces derniers se conforment aux normes en vigueur. Cette pratique qui consiste à mettre un filet entre deux navires et à le tirer, ramasse de bas en haut les poissons. Les alvins ne sont pas épargnés dans ces conditions. Nous avons décidé que ces bateaux rentrent à quai. Même ceux qui étaient en situation intermédiaire entre le quai et la zone de pêche. Ceux qui se sont accommodés avec nos règles, ont repris puisque lors de l'inspection, ils ont même détruit ces équipements illicites. Ceux qui ne le feront pas vont encourir une poursuite et payer une amende, a-t-il expliqué. Il a noté que le gouvernement continue de se concerter sur ces questions. Cela doit aboutir à la rédaction du code maritime, suivi de la loi sur la pêche. Commentant la réaction du ministre, le porte-parole des armateurs a certes salué les bonnes intentions du ministre, mais il a estimé que les observateurs et les chercheurs qui accompagnent les navires pour le contrôle doivent être pris en compte par les autorités afin qu'ils puissent constater et mettre la main sur ceux qui transgressent les pratiques normales de pêche. Compte tenu des accords sous-régionaux auxquels la Côte d'Ivoire adhère, a souligné Maguiraga Salim, le pays doit être en mesure d'arraisonner systématiquement un bateau qui franchit illégalement ses eaux. A l'en croire durant la crise, les opérateurs locaux ont continué la fourniture du marché en denrées d'origine animale et halieutique. Quelques fois au prix de leur vie. L'Etat doit nous aider avec des mesures fiscales incitatives parce que beaucoup d'armements sont en train de disparaître. Nous n'avons pas les moyens de payer ni de nouveaux bateaux ni d'entretenir les anciens car les captures ont sensiblement chuté du fait des mauvaises pratiques , a regretté l'armateur. Par ailleurs le ministre est revenu sur le bilan de son département, indiquant que les perspectives restent prometteuses pour l'ensemble du secteur. Il s'est donc réjoui des avancées pour la construction de l'abattoir d'Anyama et de la modernisation de celui de Port-Bouët. Avant d'annoncer la participation de la Côte d'Ivoire au Salon international de l'agriculture qui aura lieu à Paris en France du 23 février au 2 mars. Pour lui, les enjeux sont importants dans la meure où la Côte d'Ivoire vient de parapher les Accords de partenariat économique (Ape). La non signature, a affirmé Douati, coûterait à la filière 65,6 milliards Fcfa par an. Nous sommes engagé dans un régime de franchise pour la production halieutique. Nous ne le faisons pas pour créer un déficit dans notre économie. Nous irons au salon pour faire la promotion de nos ressources telles l'escargot géant dont les ?ufs rentrent dans la préparation du caviar, le machoiron, a conclu le ministre.

Cissé Cheick Ely

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