jeudi 14 février 2008 par Le Jour

L'insécurité a pris des proportions inquiétantes sur les grands axes routiers et dans les campagnes du Bas-Sassandra. Les coupeurs de routes et autres grands bandits sèment de jour comme de nuit la terreur sur les populations malgré la présence massive et remarquée des éléments des Forces de défense et de sécurité. Constat d'un voyage.

Ce mercredi 5 février à 11 heures lorsque nous embarquions à bord d'un mini car à la gare d'Adjamé-Abidjan à destination de Sassandra par la côtière. L'anxiété se lit sur les visages de la plupart des voyageurs. Que le véhicule entame vite le trajet avant que la nuit ne tombe, car la côtière fait peur aujourd'hui. En plus de l'état de dégradation avancée de la voie, il faut craindre les coupeurs de routes ?, s'inquiète un passager. Et une jeune dame de raconter sa mésaventure d'il y a deux semaines. Le car était obligé de retourner à Abidjan, car on nous a signalés la présence des coupeurs de route entre Grand-Lahou et Fresco ?. Certains passagers dans le véhicule ont pris la résolution ferme d'annuler leur voyage s'il est 13 heures et que le véhicule ne quitte pas Abidjan. En effet, la côtière menant à Sassandra et San-Pédro fait aujourd'hui peur. Cela à deux niveaux. D'abord, l'état défectueux de la route. C'est un véritable calvaire qui commence pour les voyageurs après Grand-Lahou. Le bitume a complètement foutu le camp. Et ce, jusqu'à quelques dizaines de kilomètres de Sassandra. Les travaux de réfection lancés depuis décembre sont aujourd'hui à quelques kilomètres de Fresco. Mais, que de souffrances pour les passagers et les automobilistes qui doivent passer plus de 6 heures pour un trajet qu'ils parcouraient en temps normal en 3 heures, voire 2 heures 30. Les coupeurs de route L'état de dégradation de la voirie est aujourd'hui utilisé par les bandits de grands chemins. La liste des victimes croit de jour en jour. C'est à juste titre que les voyages de nuit dans les différentes gares routières ont pratiquement disparu sur la côtière. C'est un gros risque que de voyager la nuit sur cette voie. Tout le monde a peur. Les gens préfèrent la journée, les escortes groupées accompagnées des forces de l'ordre ?, explique Losséni T., transporteur dans une gare Massa d'Abidjan. Il ne manque pas de tancer les forces de l'ordre qui malgré leur présence à chaque 10 kilomètres, les malfrats sévissent. Au lieu de racketter les pauvres passagers, qu'ils pensent à la sécurité de la population. Ils sont tous au courant des méfaits des coupeurs de routes. Mais rien ne change ?, accuse notre interlocuteur. Qui sans faux-fuyant invite les passagers à ne pas voyager sur la côtière à la nuit tombée, en attendant que la situation se normalise. Cette insécurité grandissante n'est pas seulement aujourd'hui l'apanage de la côtière. En rase campagne, la situation est encore pire. Les coupeurs de route et bandits de grands chemins sèment la terreur. Les gendarmes en embuscade Mercredi, jeudi et vendredi derniers, lors de notre séjour, nous avons pu écouter les divers témoignages des populations sur l'axe PK 26 jusqu'à Beyo distant d'environ 150 kms. La traite de café et cacao et palmier à huile a marché cette année. C'est comme si cela a appelé les bandits sur nous. Tous les jours, les paysans sont braqués sur les pistes et à domicile ?, explique Patrick K. En rase campagne, les déplacements de nuit ne sont pas prudents et conseillés. Au risque de se faire attaquer par des malfrats cachés dans les broussailles. Le nombre de paysans dépossédés de leur argent de vente de produits agricoles ne se comptent plus. Cependant, bon nombre d'entre eux ne comprennent pas cette insécurité. Malgré la forte présence des forces de l'ordre sur les tronçons. En effet, aux entrées et sorties de chaque village et grand campement, les gendarmes de la brigade de Sassandra ont érigé des corridors où ils contrôlent les passagers et voyageurs. Ce sont les gendarmes qui ont remplacé les militaires, mais là encore, notre souffrance est encore grande. Car, ils ont installé des systèmes de racket qui ne disent pas leur nom. Celui qui n'a pas de pièce d'identité doit leur verser 1000 à 5000 Fcfa pour circuler. Ils vont jusqu'à fouiller des passagers et à confisquer leur argent ?, accusent les populations. Aux carrefours Lakota et Bolo carrefour, il nous est arrivé de vivre ces scènes indignes en direct. De simples vélos sont taxés ?, des non-nationaux sont contraints de verser 5000 Fcfa contre leur liberté. Nous appelons ici les non-nationaux la drogue. Car les transporter équivaut à convoyer des produits de contrebande. C'est déplorable. Quand on sait qu'on parle de réconciliation ?, relève un chauffeur de véhicule de transport en commun au carrefour Lakota, après que les forces de l'ordre aient exigé que des passagers non-nationaux descendus d'un car avec escorte déboursent par tête 5000Fcfa. Et ce, avant d'embarquer à bord d'un autre véhicule. Selon notre interlocuteur, telle et la scène à laquelle ils sont confrontés au quotidien sur les axes routiers en pleine campagne. Le v?u cher aux paysans est que le gouvernement rappelle à l'ordre les FDS qui selon eux, doivent plutôt s'occuper de leur sécurité que de leur porte-monnaie, ou encore d'être une entrave à la relance économique.


Abou Traoré Envoyé spécial dans le Bas-Sassandra

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