D'ordinaire plutôt banal, le bureau politique du PDCI-RDA enregistre cet après-midi, un participant peu ordinaire: Charles Konan Banny. L'establishment du vieux parti ne sacrifiera pas seulement à une réunion de routine. Il s'agira de tordre le cou aux rumeurs qui imputaient à l'ex-Premier ministre et ancien gouverneur de la BCEAO l'intention de créer un parti politique.
Cela faisait mille saisons qu'il s'était coupé des siens.
Plus exactement 18 ans ! L'ancien Premier ministre, Charles Konan Banny, retrouve officiellement le parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).
Cet après-midi, à 16 heures, il siègera, selon nos informations vérifiées auprès de plusieurs sources au sein du parti, à une réunion du bureau politique qui devrait être présidée par son aîné et président du parti, Henri Konan Bédié, candidat à la présidentielle prochaine.
Mais sous quelle forme sera matérialisé ce retour ? S'interrogent certains puristes accrochés aux textes, car, officiellement, M.
Banny n'est plus membre d'aucune instance du PDCI.
Sera-t-il nommé par le président du parti qui en informera le bureau politique avant qu'il ne prenne place au sein de l'instance ? Les supputations vont bon train.
Il faut remonter jusqu'en 1990 pour trouver trace d'une participation de Charles Konan Banny à un bureau politique du parti qu'il considère comme sa famille naturelle?.
A l'époque, l'ancien premier ministre ivoirien était membre du comité directeur de son parti.
Il avait dû se mettre en congé politique la même année, après sa nomination au poste de gouverneur de la BCEAO, en remplacement d'Alassane Dramane Ouattara appelé au chevet de la Côte d' Ivoire malade comme Premier ministre par feu le président Félix Houphouët-Boigny.
De quoi justifier tout l'intérêt de la rencontre d'aujourd'hui qui prend des allures d'évènement.
Signe de l'éminence du moment, Charles Konan Banny a été spécialement convoqué au bureau politique par Henri Konan Bédié.
Et l'invitation est loin d'être anodine.
Elle intervient dans un contexte de suspicion sur des intentions supposées d'un Banny qui voudrait créer sa propre formation politique dans la perspective de la présidentielle prochaine et des scrutins qui suivront.
Ces rumeurs se sont endurcies.
A telle point que la mise au point du concerné n'aura pas vraiment changé grand-chose.
Surtout que Charles Konan Banny est déterminé à changer l'ordre des choses, à défendre des valeurs? selon son expression.
Alors, pour diffuser ces valeurs, est-ce que vous allez créer un parti ??, l'avait interrogé un journaliste de RFI.
Non, ça ne fait pas partie de mes projets?, avait tranché Charles Konan Banny le 6 avril 2007, au lendemain de son départ de la primature.
Une réponse qui en avait suscité une autre.
En tant que compagnon de route du PDCI-RDA, Charles Konan Banny soutiendra-t-il la candidature de Konan Bédié à la présidentielle? Bonvous l'avez dit, hein ! Je suis compagnon de route du PDCI-RDA.
Oui, Pourquoi pas ? Oui?, avait-il hésité, avant de répondre le 16 janvier 2008, aux confrères de RFI.
En politique, rien n'est moins sûr.
Aussi, les inconditionnels de M.
Bédié ont-ils toujours vu dans les ambitions de l'ex-Gouverneur de la BCEAO, une menace sérieuse.
Retour au bercail ou retrouvailles aujourd'hui ? L'entourage de Charles Konan Banny préfère parler de retrouvailles?.
Des retrouvailles qui donneront raison à un probédiéiste au moins: Kouadio Kouakou Bertin, président de la jeunesse du PDCI.
J'ai dit aux Ivoiriens, qui étaient inquiets de voir M.
Konan Bédié et M.
Konan Banny se battre, lorsque des mouvements naissaient ça et là pour réclamer Charles Konan Banny comme candidat à la présidentielle, qu'il n'y aurait pas de guerre de Konan dans ce pays?, prédisait-il le 29 mars 2007.
Banny retourne donc au PDCI sans l'avoir quitté.
Il devrait être, selon nos sources, officiellement nommé membre du bureau politique du parti cinquantenaire.
Interrogé par notre rédaction pour confirmer l'information, Emile Ebrotié, conseiller chargé de la communication du président Bédié nous a déclaré ne pas en être informé, nous renvoyant à un éventuel communiqué du bureau politique de cet après-midi.
Dans tous les cas, ce retour serait le fruit de longues tractations au sommet de l'ancien parti au pouvoir.
Un PDCI qui, avant les élections, tient à laver son linge sale en famille, sans tambour ni trompette.
Si ça se trouve, Charles Konan Banny, l'homme de mission et non de pouvoir?, comme il se plait à le dire, se trouvera une autre mission après la BCEAO et la primature : préparer la succession d'Henri Konan Bédié, chose inhabituelle au sein du plus vieux parti.
La guerre des deux Kn'aura donc pas lieu !
Benoît HILI