mercredi 13 février 2008 par Le Nouveau Réveil

Sa voix, ses dires, déclarations et affirmations étaient donnés pour paroles d'Evangile, vérité absolue qu'il ne fallait surtout pas contester ni tenter de contester.
Pour une certaine opposition ivoirienne se disant de gauche ( ?) (comme si cela avait un sens sous nos tropiques), la radiodiffusion télévision ivoirienne n'était qu'un instrument du pouvoir dont il faisait la propagande de façon exclusive. Il fallait n'écouter que les radios dites mondiales qui savaient tout, comprenaient tout et par conséquent ne disaient et ne pouvaient dire que la vérité.
De ses radios mondiales, celle dont les mérites et les vertus étaient chantés et célébrés par cette opposition étaient Radio France Internationale. Le président du FPI d'alors se permettait ainsi de prendre place à bord d'un véhicule de cette radio pour se rendre à Korhogo en compagnie de monsieur Rober Minangoua. Notre opposition, et particulièrement le FPI, trouvait que cela allait de soi, que c'était dans l'ordre normal des choses. Comment cette opposition pouvait-elle admettre que ce parti pris flagrant de RFI en faveur d'un camp n'était ni plus ni moins qu'une ingérence dans nos affaires intérieures ?
Ils étaient nombreux les Ivoiriens, dont nous même, qui pensaient que la vérité était la marque déposée de RFI et des fameuses radios mondiales. C'est à la suite des mouvements d'humeur de la Police et de l'armée, de même que des destructions perpétrées par le FPI et février 1992 que beaucoup d'yeux se sont ouverts et qu'on a compris que les informations données par ces radios mondiales étaient livrées par des humains qui pouvaient non seulement se tromper mais encore et surtout que lesdites informations étaient bien souvent tendancieuses.
N'annonçait-on pas sur les antennes de ces radios en 1990 et en 1992 que la Côte-d'Ivoire était à feu et à sang alors qu'on savait qu'en 1990 les troupes n'ont fait que tirer en l'air et qu'en 1992 ce sont les vandales du FPI qui se sont livrés à des destructions et pillages. Il se trouve que livrer l'information telle quelle lui ôtait tout piquant et tout piment. Il fallait donc la corser en annonçant l'apocalypse là où il n'y avait que des évènements quelconques et insignifiants.
On se rendait compte que ces radios mondiales, sous prétexte de " dire la vérité" avaient la fâcheuse manie de s'en prendre au pouvoir en place bien souvent vouées aux gémonies et surtout d'aborder des sujets fort sensibles fort dangereux pour la cohésion nationale.
Ce sont en effet ces radios mondiales qui ont régulièrement fait état d'une opposition entre un nord musulman et un sud supposé chrétien alors qu'une simple observation et un minimum d'objectivité leur auraient permis de se rendre compte qu'il y a une réelle interpénétration des peuples et populations de notre pays et que le Sud n'est pas dépourvu de ressortissants du Nord, loin s'en faut. Il fallait cependant livrer ce genre d'informations parce que c'est ce qu'aime entendre l'opinion publique occidentale. Malgré les partis pris de RFI, malgré ses informations tendancieuses, le pouvoir PDCI d'alors n'a jamais cherché à brouiller les émissions de RFI ni à la suspendre. Seul monsieur Robert Minangoua a été prié d'aller ailleurs pour sa danse de sorcier.
Et pourtant pour les radios mondiales, ce pouvoir PDCI était dictatorial, liberticides et corrompu, récitant tels des perroquets les leçons du FPI et de l'opposition. Après le coup d'Etat du 24 décembre 1999, les radios mondiales et particulièrement RFI ont salué l'avènement d'une ère nouvelle, célébrant ces militaires qui ont réussi à débarrasser le pays d'un génie qui ne répondait plus aux aspirations profondes du peuple, réfractaire qu'il était à toute avancée réelle vers la démocratie. Cela n'est pas sans nous rappeler "l'action salutaire pour faire avancer la démocratie", " la révolution des ?illets'' et bien d'autres déclarations du FPI et du Front Républicain. Bref Radio France Internationale et une certaine opposition étaient totalement en phase et dansaient ensemble un tango endiablé. S'il avait existé un paradis pour les radios, RFI aurait été le premier et le plus grand fait pour ce paradis. Monsieur Gbagbo et le FPI considéraient ainsi RFI comme leur chose et que cette radio ferait toujours chorus avec eux surtout lorsqu'ils seraient au pouvoir. Et puis monsieur Gbagbo et le FPI sont arrivés au pouvoir après avoir escaladé des montagnes de cadavres, cadavres de pauvres innocents naïfs qui ne demandaient qu'à vivre mais qu'on a manipulés et livrés aux balles assassines de troupes téléguidées uniquement pour jeter l'opprobre sur l'ancien chef de la junte militaire.
La découverte du charnier de Yopougon allait définitivement mettre fin à "l'entente cordiale" entre RFI et FPI. Car les comptes rendus faits par la radio mondiale et ceux du pouvoir FPI divergeraient totalement. Ce qui déplaisait naturellement à monsieur Gbagbo et aux siens.
RFI a cessé d'être la chose de monsieur Gbagbo et du FPI se permettant d'être particulièrement critique à l'endroit d'un pouvoir "qui a été démocratiquement ( ???) élu ( ?) et qui par conséquent, quoi qu'il fasse, ne pouvait agir que dans l'intérêt du peuple dont il comprend seul les véritables aspirations. RFI avait également l'outrecuidance de dénoncer les dérives d'un régime corrompu dès son origine, dictatorial, brutal et sanguinaire. Les analyses de la radio mondiale à la suite de la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 qui s'est muée en rébellion n'ont fait que renforcer la brouille entre les amis et complices d'hier. Monsieur Gbagbo et le FPI ont tout simplement oublié que les médias occidentaux ont généralement un faible pour l'opposition et qu'autant RFI les a soutenus avec déraison lorsqu'ils étaient dans l'opposition, autant cette radio allait le faire avec la nouvelle opposition, sans doute avec un parti pris moins prononcé, mais nécessairement pour soigner sa crédibilité. Monsieur gbagbo et les siens semblaient avoir perdu de vue, ou faisant mine de le faire, qu'un des membres du Front Républicain, jadis adulé par RFI, était désormais dans l'opposition. Dans tous les cas, le régime instauré par monsieur Gbagbo commettait tant de dérives qu'on n'avait pas besoin de forcer son talent pour dénoncer sa corruption immonde, ses détournements massifs de deniers publics, son pillage de toutes les richesses nationales, ses crimes de sang et ses crimes économiques de même son goût particulièrement prononcé pour la violence avec ses milices et ses va-nu-pieds se disant patriotes. Comment pouvait-on passer sous silence les crimes odieux commis par les escadrons de la mort dont l'assassinat du général Guéï ?
Il se trouve que pour monsieur Gbagbo et le FPI, relater ces faits qui sont avérés est un crime de lèse-majesté. Quant au fait de prêter son micro à l'opposition et notamment à l'ancien allié du front républicain, cela conduit au peloton d'exécution. C'est ce qu'a fait Séri Dago, le milicien policier qui a assassiné froidement le représentant de RFI en Côte-d'Ivoire, monsieur Jean Hélène. En ne se contentant pas de reproduire la version officielle des évènements et en osant donner la parole à l'opposition alors que le pouvoir FPI a pris soin de le museler sur l'ensemble des médias, RFI démontre de façon non équivoque qu'elle manque de professionnalisme et d'objectivité. Les massacres de Guitrozon et de Petit Duékoué ont été la goutte d'eau qui a fait déborder la vase, RFI ayant fait un compte-rendu de cet évènement de manière totalement différente de la version du pouvoir qui a préféré s'en prendre à de pauvres allogènes, boucs émissaires parfaits pour couvrir les man?uvres criminelles des soutiens et alliés du régime. Car se demander pourquoi l'armée nationale dont des éléments étaient en garnison à quelque 200 mètres du théâtre de l'opposition est un crime impardonnable et un cas pendable. RFI allait connaître sa première suspension prononcée par le CNCA de monsieur Diégou Bailly, homme de gauche ( ?) s'il en est, l'auteur des articles sur les 18 milliards de l'Union Européenne et la pédophilie supposée d'un dignitaire respectable du PDCI, avec comme prétexte "un traitement pas toujours correct de l'information pour ce qui concerne les dossiers ivoiriens" parce que, soutient le CNCA, Radio France Internationale n'a pas de correspondant permanent sur le sol ivoirien.
Côte-d'Ivoire de la bassesse, de l'ignominie et de la déraison !
Nous aurions aimé que le CNCA produisît ces dossiers traités de façon non professionnelle par RFI pour nous permettre de nous faire notre propre opinion
Parce que si la décision du CNCA vise à protéger le peuple, il est bon qu'on ressorte les dossiers dans lesquels la bonne foi de ce peuple a été abusé.
A moins que monsieur Diégou Bailly et le CNCA n'avaient été que les instruments du pouvoir qui a décidé de faire taire une voix discordante considérée comme hostile, eux qui sont incapables de dénoncer la mainmise de monsieur Gbagbo et du FPI sur la radio et la télévision nationales devenues leur propriété exclusive. Il n'y a là cependant rien à dire puisqu'on fait plaisir au " pouvoir sacré" de monsieur Gbagbo. Monsieur Diégou Bailly et le CNCA ont ainsi suspendu RFI, cette voix qui dérange, au motif que cette radio n'a toujours pas de correspondant permanent à faire assassiner.Après les assassinats de Jean Hélène et de Guy André Kieffer tout correspondant permanent de RFI en Côte-d'Ivoire est un mort en sursis.
Quoi de plus normal pour la direction de RFI de se donner un temps de réflexion avant de faire le grand saut !
En réalité la suspension de RFI procède de ce que :
- cette radio réduit l'audimat de la radio nationale à la portion congrue
- la population prend de plus en plus conscience que RFI respire l'air frais par rapport à la radio nationale avec ses navets et mensonges officiels
Il suffit de monter à bord du taxi même le plus pouilleux pour se rendre compte que plus personne n'écoute la radio nationale et ses informations aseptisées.
- Pour monsieur Gbagbo et le FPI, RFI est un dangereux éveilleur de conscience qui contribuerait indirectement selon eux, à éloigner d'eux l'électorat ivoirien. Car, malgré l'absence de correspondant permanent, si RFI s'engage demain à reproduire fidèlement les informations telles que livrées par la radio et la télévision FPI se disant nationale, le pouvoir lui demanderait de multiplier par cent ses fréquences en Côte-d'Ivoire, parce qu'alors RFI serait devenue subitement professionnelle. Il n'en sera hélas (pour le pouvoir s'entend) jamais ainsi et le pouvoir enrage qui fait prendre par ses bras séculiers des décisions insensées et ridicules. En réalité, ce sont ceux qui ont pris cette décision cocasse de suspension qui se montrent totalement burlesques parce qu'ils démontrent ainsi que leur propre professionnalisme ( ?) est sujet à caution.
DOUBE BINTY

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