vendredi 8 février 2008 par Nord-Sud

L'opération de déguerpissement des commerçants installés sur le domaine public s'est soldée par la destruction de plusieurs magasins. En dépit de l'opposition du maire d'Adjamé.

Dur, dur pour les commerçants. Hier, aux environs de 2 heures du matin à Adjamé 220 logements et «la Renault», deux machines bulldozers encadrées par trois cargos remplis d'éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs), armes aux poings et coiffés de casques, ont réduit en poussière ou en ferraille tous les magasins, au nombre de 450. Traoré Mariam, commerçante de pagnes est encore sous le choc. « Nous avons été réveillés ma famille et moi en plein sommeil par les bruits de machines. A notre grand désarroi, elles ont commencé à casser tous les magasins. Du fait de la présence des agents des forces de l'ordre, il était impossible de sortir pour sauver nos marchandises de la furia des machines. Après la destruction des magasins, ont suivi immédiatement des scènes de pillage. Qu'est-ce je vais devenir ? J'ai tout perdu après plus de cinq longues années de dur labeur» a-t-elle lancé en sanglots. A cent mètres de son magasin, Mme Kouamé Sandrine s'est fondue en larmes à la vue de son magasin de chaussures décimé par les bulldozers. Pis, ses marchandises se sont volatilisées dans la nature. « C'est une trahison. Dans la mesure où, le ministre de la Ville et de la Salubrité, Mel Eg Théodore nous avait promis un site pour nous recaser. Tôt ce matin (hier, Ndlr), le ministre est passé à l'offensive. Les bulldozers ont écrasé tous nos magasins. Avec le soutien des éléments de la Crs. Cela a occasionné le pillage des magasins. En plus, ils ont tiré des balles en caoutchouc pour semer la terreur » a-t-elle déploré. Mme Kouamé estime que l'opération de déguerpissement lui a porté un préjudice de 500.000 Fcfa de pertes en nature. Les échauffourées entre les policiers et les commerçants se sont transformées en course poursuite au niveau de la « Renault » et le rond point non loin de l'ex cinéma Liberté. Dépité, Doukouré Issa commerçant d'appareils éléctro-ménagers en compagnie de cinq autres camarades se sont mis à dresser des barrages avec des tables et des pneus. « On en a marre de ces frustrations. Nous nous battons ici pour gagner notre pain quotidien. Au mépris de toute politique d'insertion socioprofessionnelle de la jeunesse. C'est criminel », a-t-il pesté. Le bras de fer engagé entre le maire d'Adjamé, Youssouf Sylla et le ministre Mel Eg Théodore est rentré dans sa phase active. L'arrêté n°002/MVSU/CAB du 16 janvier 2008 portant propreté des voies publiques et leur emprise, il entend réaliser « des travaux de salubrité publique au rond point de l'ex-cinéma Liberté ». Pour enfoncer le clou, Péhé Jean, président des commerçants d'Adjamé 220 logements n'a pas pris de gant pour décrier «le mépris et le déficit de communication» du ministre Mel Eg Théodore. «Nous avons eu une série de rencontres formelles avec le ministre de la Ville et de la Salubrité. Au total 3 réunions ont eu lieu à son cabinet. Séance tenante, il a promis de nous trouver un site d'accueil avant le début de l'opération de déguerpissement. Contre toute attente, ce matin (hier, Ndlr), les machines ont cassé tous les magasins. Avec l'appui des éléments de la Crs. Cette situation a donné libre cours au pillage systématique des magasins. Il y a sur cet espace des jeunes déscolarisés ou diplômés sans emploi. Ils se débrouillent dans le micro commerce. Imaginez-vous l'impact de cette action sur l'activité économique. C'est catastrophique !» s'est-il exclamé. Selon le président, 225 magasins sur un total de 450 ont été pillés du fait de la police qui a empêché les commerçants sinistrés de sauver leurs marchandises. Pour sa part, Youssouf Sylla, le maire d'Adjamé observe un mutisme béat.


O.M

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023