mercredi 23 janvier 2008 par Le Repère

Le 1er février 2008, soit dans exactement 13 jours, M. Kouadio Konan Bertin, le président de la JPDCI, Patrice Yao, Directeur de Publication et Diarrassouba Sori, journaliste au quotidien "Le Nouveau Réveil" seront à nouveau devant le tribunal. Ils doivent être jugés, selon le procureur Tchimou, pour avoir, d'une part, osé parler des massacres perpétrés lors du boycott actif de 1995 et, d'autre part pour avoir rapporté les propos. Le crime de KKB n'est pas celui des barons du FPI qui ont brandi maintes fois le massacre supposé de 4000 Guébié. Le crime de KKB n'est pas celui des intellectuels FPI qui ont pondu en son temps un document étiquetant par ethnie, les populations vivant au Centre ouest du pays. Le crime de KKB n'est pas celui d'Alpha Blondy qui en 1995 a publié la charte du nord. KKB mérite la potence. KKB est président des jeunes du PDCI. Les autres journaux, tel "Notre Voie", le journal du FPI qui a pour directeur de publication M. Allou Wanyou Eugène, directeur du protocole d'Etat de Gbagbo, a rapporté les mêmes propos tenus par KKB à Dimbokro. "Notre Voie" n'est pas passible de poursuite. C'est le pouvoir discrétionnaire de Tchimou de choisir qui il veut poursuivre et qui il veut condamner, quand il veut et comment il veut, qui le dit. "Le Nouveau Réveil" seul mérite la potence. "Le Nouveau Réveil" est proche du PDCI-RDA.
Après avoir jeté en prison Assalé Antoine, la justice traquera donc KKB et "Le Nouveau Réveil". Sauf que les tenants de cette justice sélective ont quelque peu dressé la note sans tenir compte de l'hôtelier. Tous ceux qui, espérant un passage en force sans que "ces poltrons de militants" du PDCI-RDA ne lèvent le petit doigt, se retrouvent le bec dans l'eau. Le signal venu du plus grand parti de Côte d'Ivoire est plus que fort. La mobilisation extraordinaire. Pour une fois, les militantes et militants sont prêts à aller en prison avec leur leader. Personne, en face, ne s'attendait à une telle levée de bouclier. Aussi, après l'enthousiasme, l'heure semble bien à l'embarras. Le pouvoir est bien embarrassé. Pourquoi faut-il continuer ? Se demande-t-on aujourd'hui. Le chef de l'Etat lors de la présentation des v?ux du nouvel an a dit mardi au palais : " Dans ce pays, l'Etat est faible. Des gens font ce qu'ils veulent et quand la justice veut les poursuivre, on est obligé de se demander si l'action ne va pas déclencher quelque choseIl faut que l'Etat redevienne fort. " Aveu de taille. Et cela est valable pour tous les criminels qui narguent les populations. L'Allusion est cependant claire. On veut poursuivre KKB. Mais on se demande si cela ne va rien déclencher.
La politique a ses raisons que la raison ignore le plus souvent. Surtout quand il s'agit de la politique politicienne. Dans ce feuilleton politico judiciaire, il y a comme une équation à plusieurs inconnues. Dont la plus grande est sans doute comment finira-t-on. Le feuilleton n'est pas sans rappeler l'épisode de la Bible qui met aux prises Jesus Christ, les adeptes du Roi et Ponce Pilate, le gouverneur Romain. " Prenez-le et jugez-le vous-mêmes ", avait dit Pilate à ceux qui scandaient la mise à mort de Jesus Christ. Si on met Tchimou dans le rôle de Pilate, on devine aisément qui sont ceux qui sont les adeptes du Roi des Hébreux et qui sont à la place de Jesus Christ. Reste à savoir si dans le cas d'espace, Pilate de 2008 pourra dire à tous ceux qui veulent le bâillonnement de KKB, de "Le Nouveau Réveil" et des tous éveilleurs des consciences " Prenez-les et jugez-les vous-mêmes ", ou s'il les fera aussi condamner. Chacun attend le 1er février.

Eddy Péhé

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