mercredi 12 décembre 2007 par 24 Heures

Les 22 et 30 décembre prochains, le Premier ministre Guillaume Soro devra poser des actes décisifs qui conditionneront la suite de l'application de l'accord politique du 4 mars. Il s'agira d'impulser le DDR et le redéploiement des administrations fiscales et douanières.

Dans exactement 10 jours, le Premier ministre Guillaume Soro devra poser un acte majeur de l'application de l'accord de Ouaga.
Il s'agit du démarrage effectif du désarmement qui ne tiendra que sous son impulsion.
Au terme de l'accord complémentaire de Ouaga I, Les deux parties décident que le regroupement des ex-combattants, le stockage des armes et le démantèlement des milices débuteront au plus tard le 22 décembre 2007, sous la conduite du Centre de commandement intégré (article 2).
Le CCI étant en l'espèce un simple opérateur technique dans la mise en ?uvre du DDR, c'est Guillaume Soro qui devra en être l'ordonnateur.
A la vérité, du côté de la Primature, l'échéance du 22 décembre est regardée avec beaucoup d'appréhensions.
L'accord complémentaire du 28 novembre dernier ayant réhabilité ?'le fétichisme des dates'', aucune reculade n'est permise de nouveau.
L'on sait que la bataille autour d'un chronogramme rigide de l'application de l'accord du 4 mars a été si rude, que finalement, c'est à Korhogo que l'accord complémentaire a été paraphé par Guillaume Soro et Laurent Gbagbo.
Le vin est donc tiré, il faut le boire .
Mais comment ? Une semaine seulement après la signature au forceps de l'accord complémentaire, Sidiki Konaté a été soumis à une explication de texte devant les militaires le mercredi 5 décembre à Bouaké.
Ce que le Commandant Kobo appelait les zones d'ombre de l'accord complémentaire ont-elles été éclaircies ? Rien n'est moins sûr ! Hier, tous les chefs de guerre que nous avons joints au téléphone ont dit qu'ils se trouvaient dans la capitale burkinabé.
Pour quel motif ? Motus et bouche cousue ! Dans ces conditions, on se perd en conjectures.
En face, c'est-à-dire dans le camp présidentiel, on fait grand cas du respect strict du chronogramme.
Du moins, en ces premiers points que sont le démarrage du DDR le 22 décembre, et dans une moindre mesure, la mise en route du service civique prévue à la même date.
Le camp présidentiel est d'autant plus à l'aise dans cette situation que le DDR et le redéploiement des administrations fiscales et douanières qui devra intervenir 8 jours plus tard, à savoir le 30 décembre (article 3), signifient de fait la fin de la rébellion.
En termes plus simples, il est demandé à Guillaume Soro de saborder à partir du 22 décembre prochain la force militaire qui justifie sa présence aujourd'hui à la Primature.
Passe encore que le secrétaire général des Forces Nouvelles joue son poste à la tête du gouvernement.
Ce qui est moins évident, c'est que les militaires insurgés, surtout la hiérarchie, acceptent de l'accompagner dans une telle aventure.
A moins que les questions aussi essentielles telles que le quota des Fafn à intégrer dans la nouvelle armée et les ?'grades Soro'' trouvent rapidement et définitivement des réponses.
Or, pour l'heure, tel n'est pas précisément le cas.
L'accord complémentaire renvoie tous ces points délicats à l'arbitrage du Facilitateur, le Président Balise Compaoré.
Les réponses tardent, mais le temps presse.
C'est le respect du chronogramme fixé par l'accord complémentaire du 28 novembre, et partant l'accord politique du 4 mars, qui sont en jeu.
Guillaume Soro se trouve pour ainsi dire dans la position de celui qui est obligé d'agir, et rapidement, mais qui a cependant conscience que son action peut entraîner des conséquences graves et imprévisibles.


Théodore Sinzé

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023