mardi 4 décembre 2007 par 24 Heures

L'accord complémentaire de Ouagadougou signé le 28 novembre dernier sonne-t-il la fin de l'ex-rébellion ? Le document fait obligation aux hommes de Guillaume Soro de rendre les caisses. L'argent, le nerf de la guerre, passe entre les mains du chef de l'Etat. Qui a déjà marqué des points auprès des populations du nord durant sa récente visite et des chefs de guerre. L'ex rébellion a choisit tout simplement de se donner la mort en douceur.

A défaut d'avoir l'ennemi de face, il faut contourner ses positions.
Si cela ne marche pas, il faut lui proposer de faire la paix.
Puis profiter de l'accalmie pour s'attaquer aux piliers qui fondent sa résistance.
Quand on est un chef rusé, on a toutes les chances de désagréger le dispositif de l'ennemie.
Dans le jeu de donnant-donnant que se livrent les deux chefs de l'exécutif ivoirien depuis la signature de l'accord politique de Ouagadougou, c'est la démarche que semble avoir adopté le chef de l'Etat.
Au fil des discussions, Laurent Gbagbo montre qu'il est en train d'en finir avec l'ex-rébellion ivoirienne.
Si les observateurs ont pu dire à l'époque que le compromis signé le 4 avril dernier dans la capitale burkinabè a permis aux ex-belligérants de couper la poire en deux , l'accord complémentaire fait la part belle au camp présidentiel.
D'abord, Laurent Gbagbo a eu ce dont il a rêvé depuis.
Enlever à Guillaume Soro et ses hommes le droit de lever et encaisser des taxes.
En fait, l'unicité des caisses indiquée dans l'acte 2 des négociations de Ouagadougou signifie qu'à partir du 30 décembre, les Forces Nouvelles doivent démanteler toutes les machines à sous installées dans leurs zones.
La première visée reste la Centrale, la régie financière des Forces Nouvelles gérées par le ministre Moussa Dosso.
Elle devra donc disparaître pour laisser la place aux structures de l'Etat.
Dans le camp présidentiel, c'est une victoire.
En prenant possession des caisses, le chef de l'Etat ôte à Guillaume Soro le nerf de la guerre.
L'argent.
A Ouaga, II a réussi la chirurgie.
Les termes de l'accord ne laissent aucune autre forme d'interprétation.
Afin d'accélérer la restauration de l'autorité de l'Etat et le redéploiement de l'Administration sur l'ensemble du territoire national, les parties décident de démarrer, au plus tard le 30 décembre 2007, le redéploiement de l'Administration fiscale et douanière, sur la base du principe de l'unicité de caisses, dont les modalités seront définies par le gouvernement.
Les deux parties décident que le redéploiement de l'Administration et des services publics sur l'ensemble du territoire national, sera achevé au plus tard le 30 janvier 2008 .
A la lecture, la man?uvre est subtile.
Le chef de l'Etat prend petit à petit le contrôle de la situation.
Grâce au dialogue, il a pu mettre pied à Bouaké, puis dans toute la région des Savanes.
Au cours de ses meetings, il n'a pas manqué de le signifier.
Il lui fallait prendre possession de ces terres avant d'adresser une lettre au Conseil constitutionnel pour lui dire que le pays est réunifié.
Vu sous cet angle, le chef de l'Etat a raison de confier que sa démarche n'est pas symbolique.
Il l'a dit de toutes les façons.
C'est un acte de pouvoir .
Autre point qui marque la liquidation de l'ex-rébellion, c'est la fin totale de l'état belligérance.
Il n' y a plus de rébellion.
Et bientôt, avec le début du service civique et le regroupement des ex-combattants, il n y aura plus de Forces Nouvelles.
Même Guillaume Soro a abdiqué.
Il ne peut plus, dans ce nouveau contexte, se permettre un repli sur Bouaké pour protester contre les coups bas du camp présidentiel.
Il est obligé d'encaisser en silence les coups de Désiré Tagro, son ministre de l'Intérieur.
C'est cela aussi les effets de Ouagadougou.
Les chefs de guerre, réticents au départ, ont épousé le concept.
Le discours belliqueux a laissé la place aux éloges au chef de l'Etat et au Premier ministre.
A leur endroit également, le camp présidentiel s'est permis quelques largesses.
Une réintégration dans la nouvelle armée et un rappel de solde.
Les sans grades n'ont pas été oubliés.
Ils recevront une prime mensuelle pendant le temps de leur regroupement.
L'accord prévoit également le reversement des 600 éléments Forces Nouvelles pour assurer la sécurité dans les zones.
Il faut savoir que ces soldats sont déjà en service au centre de commandement intégré.
Tout le monde semble n'avoir pas été satisfait pour autant.
Si les chefs de guerres peuvent se frotter les mains, ce n'est pas le cas de certains officiers des Fanci qui ont rejoint les rangs des Forces nouvelles au début de la rébellion.
Des officiers qui sont restés jusque là dans l'arrière boutique de la rébellion.
Touchés de très près par la question des grades, lésés dans la répartition du trésor de guerre, ils sont plus d'une dizaine de vrais officiers .
Pour eux certainement le salut viendra de la nouvelle armée.


Hervé Akaché et Marc D.

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