jeudi 22 novembre 2007 par Fraternité Matin

Après L'Embarras de Dieu?, l'écrivain-journaliste-musicien a présenté son dernier ouvrage L'Agonie du jardin? ; en présence de Charles Konan Banny. De prime abord, Côte d'Ivoire, l'agonie du jardin : du grand rêve au désastre, dernière parution livresque de Tiburce Koffi, peut paraître comme une diatribe pessimiste de l'auteur sur sa société. La société ivoirienne, jadis un havre d'espérance, une sorte de jardin d'Eden et pour laquelle il cultive une nostalgie face à la sécheresse provoquée par l'inconséquence de ses habitants, de ses dirigeants. C'est donc à la cérémonie de dédicace de cet essai quelque peu atypique, que l'auteur et ses éditeurs de CEDA/NEI, ont convié les férus de littérature mais aussi de politique, ou simplement les Ivoiriens soucieux de l'état de leur jardin, mercredi au Novotel Plateau. Au nombre de ceux-ci, l'on notait la présence de l'ex-Premier ministre, Charles Konan Banny. Il en était, en fait, le parrain. Une combinaison tout de même curieuse pour qui connaît les diatribes acerbes, ainsi que le confiera Banny lui-même, que Tiburce Koffi n'a eu de cesse de lui décocher depuis qu'il présidait aux destinées de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Sans se connaître. Mais le parrain apprécie chez son filleul, le courage de l'intellectuel qui ne craint pas de brûler aujourd'hui ce qu'il a encensé de bonne foi hier. C'est un homme de conviction qui suit sans calcul ses coups de c?ur. Oui, en effet, cet homme de gauche qu'on a vu aux côtés des Gbagbo, Wodié et surtout Zadi Zaourou, son maître, combattre la démocratie embourgeoisée à l'ivoirienne sous le régime de Félix Houphouet-Boigny, affiche, sans coup férir, être le leader du néo-houphouétisme ; au point de prétendre tirer des dividendes incommensurables de son séjour carcéral à Séguéla. Il affirme même qu'il y a vaincu le sentiment de la peur. Serait-ce cette sorte d'exorcisation de la peur qui le conduit, sans porter de gants, à vouer l'agonie du jardin ivoirien, à l'échec de ses ex-compagnons aujourd'hui aux affaires ? En 370 pages et 5 parties, c'est sous une plume alerte et incisive, parfois jouissive et iconoclaste, que Tiburce Koffi décrit le passage du miracle au cauchemar, de la lumière à l'ombre, d'une Côte d'Ivoire adulée, enviée et aimée, de l'intérieur comme à l'extérieur, en l'espace de deux générations. D'Abidjan à Bouaké, en passant par Séguéla, Daloa, par des faits historiquement connus de ses contemporains, mais sous son regard personnel ne prétendant à aucune certitude historique ; scientifiquement parlant, il témoigne de son temps. Temps d'espoirs déçus, de doute sur une conviction longtemps partagée sur le modèle socialiste. Apprécié par les uns et voué aux gémonies par les autres, Tiburce Koffi ne laisse personne indifférent à travers son ouvrage qu'il juge plutôt critique que pessimiste. Un avertissement à tous les politiques pour dire qu'il veille telle une lanterne étanche, sur leurs promesses électorales. Au nom du peuple qui a soif de débats d'idées, de discours contradictoires dans une perspective dialectique. Qui est le levier des démocraties. Et l'auteur, citant son mentor Zadi, du reste présent, d'avertir : C'est le silence des intellectuels qui est le terreau qui fait prospérer le règne des dictateurs.

Rémi Coulibaly
CEDA/NEI, 2007, 370 P

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