jeudi 22 novembre 2007 par Le Nouveau Réveil

La main sur le c?ur il a juré avant-hier qu'il n'a pas tripatouillé le fichier électoral 2000 qu'il a remis à la CEI et aux partis politiques.
Mais la réalité des faits nous impose le constat que le directeur de l'Institut national de la statistique s'est fait piéger par ses propres actes et déclarations. Dans toutes les démocraties du monde, le fichier électoral ne relève pas du secret d'Etat, ce n'est pas un document confidentiel qu'on place sous scellé informatique ou dans un coffre fort comme un trésor de grande valeur.
Bien au contraire, le fichier électoral doit pouvoir être accessible à tous. C'est pour cette raison qu'il est affiché à la veille de chaque consultation électorale et qu'il fait l'objet d'une publication au Journal officiel. Mais le successeur de M. Bâ Ibrahima à l'INS ne semble pas voir les choses de cette façon. Puisqu'il s'est cru obligé de demander à la CEI l'usage qu'elle comptait précisément faire du fichier 2000 lorsque l'institution chargée des élections lui a demandé de mettre à sa disposition ledit fichier. N'était-il pas normal que la CEI exprime une telle demande ? Pourquoi l'INS a-t-il exigé d'être informé sur l'usage que la CEI comptait faire avant de mettre à sa disposition le fichier?
En outre, pourquoi l'INS ne voulait-il pas que l'on puisse éditer le fichier ? Les réponses fournies avant-hier sont loin d'être satisfaisantes. Pour Meleu Mathieu, en effet, à cause de "son caractère sensible" il fallait éviter que n'importe qui puisse s'introduire dans ce fichier, l'éditer et faire des observations. Il a même laissé entendre qu'il était difficile de prendre en compte les observations éventuelles que les partis politiques pourraient faire parce que ce serait engager la révision du listing avant l'étape de la révision du fichier proprement dit. En dépit de ces réticences, quand les partis politiques ont réussi à avoir des CD-rom qu'on pouvait éditer, grande fut leur surprise de découvrir que les irrégularités contenues dans le fichier électoral avaient une ampleur nettement au-dessus de leurs soupçons. Des milliers d'électeurs omis, des bureaux de vote supprimés, un nombre incalculable d'erreurs sur les données alphanumériques, transferts d'électeurs, bureaux de vote fictifs
Pourquoi autant d'irrégularités dans un fichier qu'on peut considérer comme faisant partie du domaine public ?
Le fichier 2000 avait été publié au Journal officiel le 19 octobre 2000 et la CEI aurait pu simplement s'en référer plutôt que de s'adresser à l'INS. Pourquoi les responsables de l'INS ont exprimé autant de résistance à mettre un fichier éditable à la disposition de la CEI ? Qui a introduit toutes ces irrégularités dans ce fichier ? Comment se fait-il que le fichier présenté à la presse avant-hier par le directeur de l'INS était différent du fichier remis aux partis ?
Par ailleurs, qu'est-ce qui explique autant de contradictions dans les propos de Meleu Mathieu ? Qui accuse les journaux d'écrire n'importe quoi et qui reconnaît quelques minutes après qu'il existe des irrégularités mais qu'il ne faut pas le crier sur tous les toits. Qui affirme que le fichier est un document sensible mais un simple instrument de travail. Le directeur de l'INS invite même les Ivoiriens à commencer à oublier le fichier de 2000. Et puis question essentielle, pourquoi le directeur de l'INS Meleu Mathieu a-t-il demandé à tous ses directeurs régionaux de ramener à Abidjan toutes les archives du fichier 2000 ? A quoi tout cela répondait-il ?
Apparemment quelque chose de pas très saint et de pas très clair se tramait au-dessous de toutes ces manigances. Et sa découverte a bien dérangé les plans de ses instigateurs et provoqué le courroux du directeur de l'INS. Quand on n'a rien à cacher on n'a pas le comportement que les responsables de l'INS ont affiché depuis le début.

Akwaba Saint Clair

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