Du lundi 26 au mercredi 28 novembre prochains, Laurent Gbagbo sera dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Selon un communiqué de la Présidence de la République, le Chef de l'Etat séjournera à Korhogo et visitera successivement les villes de Ferkessédougou, Boundiali et Tengrela . Il ne se contentera pas seulement de visiter ces villes. La note du Conseiller Spécial annonce que Gbagbo y tiendra également des meetings et aura des rencontres avec les chefs traditionnels. En clair, pas besoin d'une boule de cristal pour le comprendre. Après l'éclaircie de la flamme de la paix de juillet dernier, Laurent Gbagbo a choisi de précipiter la campagne électorale. Il veut gagner du terrain et du temps sur ces concurrents. L'homme qui proclamait détenir la Côte d'Ivoire utile , une manière bien gentille pour dire que le Nord est inutile, s'est brusquement souvenu de la vacuité de son discours. Après avoir traité cette partie du territoire de soutien à la rébellion et avoir dit sans détour aux ressortissants du Nord, à la face du Grand Chancelier Youssouf Koné que leurs enfants et neveux étaient des rebelles et des assaillants , Gbagbo court attendrir les c?urs. Sans doute, adossé sur les moyens de l'Etat, l'argent de la filière café cacao et la manne pétrolière, le candidat Gbagbo fera de grandes promesses. Il remettra au goût du jour ses tournées au Nord pendant qu'il était l'opposant historique à Félix Houphouet Boigny. Il dira certainement à ses hôtes qu'il a grandi et pris ses repas à l'enfance chez des ressortissants du Nord. Autant d'artifices dont il raffole. Cependant, il n'est pas exagérer de dire que Laurent Gbagbo arrive trop tard dans un Nord trop vieux, qui n'a pas oublié les exactions que le FPI lui a fait subir durant ces sept dernières années. Du commencement de son règne à ce jour, le sang de ses fils a été versé sur l'autel de la conquête et la conservation du pouvoir. Beaucoup de ses enfants ont été tués par la machine de la refondation. Le Nord se rappelle également avoir été la victime désignée de l'exclusion et de la marginalisation, entretenues par la promotion des délits de faciès et de patronyme. Ce n'est donc pas en trois jours que Laurent Gbagbo arrivera à faire oublier à ces concitoyens, sept années d'enfer, faits de tueries et de misères. Le nord n'a pas oublié les bombardements des avions de Gbagbo en novembre 2004. Au mépris de l'indivisibilité de la nation, Gbagbo en les bombardant a montré clairement qu'il était le chef d'une partie des Ivoiriens. Et ce n'est pas cette visite électoraliste qui pourra changer la donne. Gbagbo ira au Nord mais il éprouvera de la peine à voir les nordistes venir à lui.
Bakary Nimaga