lundi 19 novembre 2007 par Le Nouveau Réveil

M. Louis Michel, commissaire européen chargé du Développement et de l'aide humanitaire était à Abidjan la fin du week-end écoulé pour se faire par lui-même une idée précise de l'état d'avancement de la mise en ?uvre de l'accord de Ouaga. M. Louis Michel a rencontré dans le cadre de cette visite de travail les hautes personnalités de l'Etat, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Beugré Mambé le président de la CEI. Ce qu'il retient de ces différentes audiances.

Je sens qu'il existe une vraie volonté de mettre en ?uvre complètement l'Accord de Ouaga même si au niveau opérationnel, un certain retard est intervenu. Par exemple, les audiences foraines ont démarré, mais avec un certain retard probablement pour des raisons matérielles et techniques. Aujourd'hui manifestement, ça commence à fonctionner. J'ai constaté que sur 40.000 dossiers pas moins de 30.000 ont conduit déjà à un jugement supplétif. C'est quand même le signe que le système marche de manière crédible. De deux, le président Gbagbo et le Premier ministre Soro ont chacun de leur côté exprimé leur satisfaction du climat dans lequel se déroulait leur collaboration. Manifestement, l'un et l'autre ont respectivement croient respectivement dans la sincérité de leur partenaire. Je crois que c'est important. J'ai rencontré également M. Ouattara qui a une lecture un peu différente dans la mesure où, il estime que le retard pris induira nécessairement un échec ou en tout cas le non-respect de l'accord. Il souhaite une implication plus grande de la communauté internationale. Il émet évidemment des doutes sur la légitimité du gouvernement et de la présidence tant qu'il n'y a pas eu d'élection. Il souhaite des élections assez rapidement. Je respecte la position des uns et des autres.
C'est que la communauté internationale, à mon avis, doit être un peu plus présente pour aider à l'opérationnalité et à la mise en ?uvre de l'Accord sans aucune immixtion sans aucune ingérence. Nous devons simplement remobiliser certains moyens pour aider un peu plus la Côte d'Ivoire. Je pense que nous devons aussi montrer une plus grande présence, une plus grande préoccupation sur cette question. Je ne vous cache que je suis en tout cas disposé en tant que commissaire européen au développement, mais en tant que chargé des questions politiques des pays ACP, je suis tout à fait disposé à remobiliser les européens et partant la communauté internationale pour être un peu plus branché sur le dossier ivoirien qui est entré maintenant dans une phase cruciale puisque c'est le démarrage des phases opératoires des différents aspects de l'Accord. Il me paraît important qu'on soit plus présent. Je crois aussi que sur le fonds de la substance, l'incontournable c'est quand même la résolution de la question de l'identité. Je pense que c'est la cause préjudicielle du problème. Que l'Accord prévoit expressément la résolution de cette question. Il faut maintenant que, chaque partie, de bonne foi, mette en ?uvre ce qui a été engagé. Je vais faire un rapport à l'UE probablement lundi et aux différentes capitales européennes et je vais rester extrêmement attentif et très soucieux d'être à la disposition des parties pour les aider.
D'abord il y a que le président Gbagbo et le Premier ministre m'ont garanti et certifié de leur bonne foi réciproque, mais surtout leur entente. Ça, c'est un élément indiscutable. Deuxièmement, les audiences foraines ont commencé. Il y a donc un processus qui est en marche. Le Centre de commandement intégré (CCI) de l'armée a été aussi mis en place depuis le 16 avril et il commence aussi à fonctionner. Le climat est apaisé. Pour le moment ce sont des éléments qu'on ne peut pas quantifier mais, ce sont des éléments réels. Le gouvernement est au travail, il suit sa feuille de route. La facilitation avec le président Compaoré fonctionne bien aussi. Maintenant que l'opérateur technique a été confirmé, je crois qu'on va pouvoir mettre aussi en place tout le mécanisme qui doit conduire à l'enrôlement, à l'enregistrement, à la délivrance des cartes d'électeurs et des cartes d'identité.
C'est une conviction personnelle, c'est qu'il faut évidemment qu'il y ait des élections. Et il faut qu'elles puissent être légitimées et légitimantes. En conséquence, il faut que toutes les conditions préalables à des élections convenables et correctes, loyales et libres soient réunies. Il faut que le corpus électoral soit représentatif de toute la population. D'où, le problème de l'identification qui doit être résolu. Donc toutes ces questions m'amènent à croire qu'il est évidemment important qu'à un moment donné et le plus vite possible, on réaménage si c'est nécessaire, le chronogramme qui conduit à ces élections de manière à ce qu'on soit sûr que les modes opératoires nécessaires pour conduire toutes les opérations intermédiaires, qui doivent créer les conditions optimales pour les élections soient réunies. En d'autres termes, ce que je veux dire, c'est qu'évidemment il y a un délai raisonnable pour la date de l'élection qu'il faut définir. Il serait bien que le président et le Premier ministre puissent donner leur idée là-dessus, même si je sais que c'est la CEI qui doit définir in fine. Je crois qu'il est important que les principaux acteurs puissent quelque part rechercher ensemble une analyse commune à cette question. Ça veut dire que ce qui est importe, c'est qu'on soit dans les conditions d'une bonne élection qui donne la légitimité et qui permette. il faut pour ça qu'on soit réaliste et qu'on vise l'objectif de substance puisque la forme symbolique me paraît important, mais ça ne peut pas justifier qu'on ne donne pas la date de l'élection dans les délais les plus rapides. Il faut qu'on sache dans quel délai et dans quel programme, dans quel chronogramme et dans quel agenda tout cela va se dérouler. A partir du moment où, il y a eu un accord entre les parties belligérantes, la communauté internationale a été obligée d'observer une certaine réserve par rapport au processus puisque les parties s'étaient mises d'accord pour pouvoir former un gouvernement qui est représentatif de toutes les forces politiques, donc la communauté internationale s'est mise en retrait pour les laisser faire. Il ne faut pas que cela conduise à une indifférence de la communauté internationale. Elle n'est pas indifférente. Cela je peux en témoigner. Mais les acteurs ici ont un peu le sentiment qu'elle est indifférente. Or elle ne l'est pas. Donc on doit la réactiver quand même pour qu'elle montre une implication plus grande, plus concrète.
Paul Koudou

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