mercredi 14 novembre 2007 par Notre Voie

Demain, tous les chefs du Sanwi vont proclamer officiellement leur soutien au chef de l'Etat. L'ancien ministre de la Jeunesse et de l'Emploi, Lazare Koffi Koffi, directeur de campagne du candidat Gbagbo à Aboisso et cheville ouvrière de cette rencontre en situe les enjeux. Entretien.

Notre Voie : Vous êtes le directeur de campagne du président Laurent Gbagbo dans le département d'Aboisso. Il y aura un grand rassemblement à Aboisso demain. Mais des bruit parvenant d'Aboisso font état de ce que le fédéral appelle au boycott de la cérémonie. Qu'en est-il exactement ? Y aura-t-il un rassemblement ou pas ?
Lazare Koffi Koffi : La cérémonie aura bel et bien lieu. Elle sera présidée par le président du parti, le camarade Pascal Affi N'Guessan en personne. Qui sera entouré, pour la circonstance et par rapport à la dimension de l'événement, de plusieurs personnalités du parti des ministres, des députés, des directeurs généraux de société qui viendront pour en être témoins pour que demain, on puisse davantage en tirer profit pour tout le parti et pour la Côte d'Ivoire.

N.V. : Il se trouve que la veille de ce grand événement, la fédération FPI d'Aboisso fait état de ce que vous n'êtes plus le directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo. Quelle réaction par rapport à cette situation ?
L.K.K. : Je ne réponds pas à cette question parce que ce n'est pas la fédération qui m'a choisi comme directeur de campagne. J'ai été choisi par la direction du parti qui m'a investi au cours d'une assemblée spéciale qui a eu lieu à Bassam. C'est donc par décision du président du parti que j'ai été choisi directeur de campagne. Le reste, je ne peux pas être concerné. Mais je ne voudrais pas intervenir sur tout ce qui s'est passé. Ce qui me préoccupe aujourd'hui, c'est comment faire en sorte que de plus en plus le FPI soit implanté à Aboisso. Et Dieu merci, par nos activités, par notre présence continue sur le terrain, ceux qui étaient les chefs et qui se disaient jusque-là neutres dans l'action politique, aujourd'hui par rapport à tout ce que le président de la République fait, ont décidé de sortir de façon massive et populaire pour apporter ce qu'ils appellent eux-mêmes leur soutien sacré au président de la République pour qu'il réalise les promesses qu'il a faite au peuple de Côte d'Ivoire.

N.V. : Est-ce à dire que vous ne considérez pas l'épisode d'Aboisso ?
L.K.K. : Moi, je n'ai pas de problème. J'ai fait mon travail de militant. Les textes de notre parti disent qu'un des devoirs sacrés du militant, c'est de recruter. Avant même qu'il soit secrétaire général de base, de section, de fédération, membre de la direction du parti, le premier devoir de tout militant, c'est de recruter. Je fais mon travail de recrutement. Et si le travail de recrutement porte beaucoup de fruits et qu'aujourd'hui on parle de plus en plus du FPI à Aboisso, je me réjouis avec mon parti. C'est ça qui m'intéresse. C'est ça qui me préoccupe, le reste ne me concerne pas.

N.V. : Vous annoncez plusieurs dizaines de chefs qui proclament leur soutien de façon ouverte. Est-ce que ce n'est pas un bluff quand on connaît la propension des chefs à cultiver le secret dans une région comme la vôtre?
L.K.K. : Ce n'est pas un bluff dans la mesure où ils sont présents. Et l'initiative ne vient pas de moi. C'est eux-mêmes qui ont fait les démarches de façon isolée. Beaucoup de chefs de canton, depuis un an au moins, ont fait des démarches en ma direction, de façon solitaire pour me dire la possibilité de faire en sorte que l'image politique d'Aboisso change. Comme j'ai été interpellé plusieurs fois par plusieurs d'entre eux, je les ai réunis tous au cours d'une rencontre qui a eu lieu à mon domicile. D'abord, les chefs de canton pour que chacun sache que son frère chef de canton a également la même pensée que lui. Et quand ils se sont retrouvés et ont vu qu'ils partagent la même opinion, ensemble nous avons choisi de rassembler les chefs de village.
Une rencontre a eu lieu, on s'est parlé et chacun s'est expliqué de façon démocratique et libre. De façon souveraine, ils ont décidé d'apporter leur soutien au président de la République. Moi, cela ne me surprend pas. Mais ce qui va se passer est un acte historique sans précédent. Parce que chez nous, pour ceux qui connaissent l'histoire de notre région, le Sanwi, ce sont les chefs qui ont toujours été à l'avant- garde de la vie politique. Depuis la période coloniale jusqu'aujourd'hui. C'est d'abord le chef, c'est d'abord le roi qui est en avant. Depuis Amon N'Doufou II. C'est le roi qui est devant avec ses ministres qu'on appelle les notables. C'est pour cela que dans l'histoire, quand il s'est agi de brimer les acteurs politiques du terrain, les chefs ont été les premiers à être brimés. Pendant la période coloniale, les rois ont été mis en prison, tués, exilés.
Pendant la période de la décolonisation avec la naissance du PDCI-RDA, c'était encore les mêmes chefs qui étaient en avant. On a eu de grands noms qui ont travaillé aux côtés du roi N'Doufou III et qui ont eu à en découdre avec le PDCI-RDA. C'est après 1966, quand le PDCI a réussi à emprisonner tous les rois, à brimer la population, à incarcérer des centaines de personnes à Aboisso que le peuple du Sanwi a pris un peu de recul, et depuis, les chefs sont comme dans une sorte d'expectative, observent la vie politique. Et si aujourd'hui ils voient dans le président Gbagbo un des leurs, celui qui restaure la dignité, la liberté et qui peut leur permettre de s'exprimer à nouveau pour bâtir non seulement la Côte d'Ivoire mais leur région, c'est leur devoir de faire ce qu'il faut faire. Je suis tout à fait heureux de les voir aujourd'hui s'exprimer et je suis heureux qu'ils m'aient choisi pour leur encadrement, pour le cheminement pour que leur rêve soit une réalité avec Laurent Gbagbo pour l'avenir et le développement de notre région.

N.V. : Jusqu'à maintenant, votre parti n'est pas majoritaire dans cette région. Qu'est-ce qui, selon vous a créé le déclic ?
L.K.K. : Il y a le fait qu'au plan psychologique, les Agni d'Aboisso ont connu des exactions, ils ont dû rester en arrière de la marche vers de nouveaux horizons proclamés par le FPI. Les Agni ont observé. Ils se sont rendu compte plus tard par les faits, par l'action des militants du FPI en général, mais particulièrement du président de la République, par sa résistance à toutes les attaques internes et externes, avec toute les résistances qu'il a organisées mais aussi toutes les promesses qu'il a réalisées au sein de la population qu'il est le bon choix. Les Sanwi qui ont la mémoire ont vu que c'est cet homme-à qu'il leur faut. C'est pour cela qu'ils viennent. Le temps de la propagande est terminé. Il y a eu un temps pour ça. Aujourd'hui, nous sommes au temps de la concrétisation des promesses. Et le peuple se rend compte de plus en plus qu'à la pratique, le FPI est en train de réaliser ses promesses. N'eussent été les entraves provoquées par la guerre et les autres actions de nos adversaires politiques, la Côte d'Ivoire serait loin. C'est pourquoi, le peuple se mobilise au côté du président de la République pour l'aider sur cette voie.

N.V. : Comment la manifestation va-t-elle se dérouler ?
L.K.K. : C'est un événement historique, politique et culturel. C'est la première fois en Côte d'Ivoire, après le pays Attié que nous avons pu voir, que les chefs vont battre le pavé à Aboisso et proclamer haut leur attachement à un homme, le président Laurent Gbagbo et à un parti, le Front populaire ivoirien. Nous n'allons pas le faire dans le brouhaha. Nous allons le faire dans un contexte culturel comme savent le faire les Agni. Tous les chefs seront drapés de leur oripeaux de chefs et à la manière des grandes cérémonies culturelles qui ont lieu chez nous. Ceux qui viendront ce jour verront comment le peuple du Sanwi va manifester sa joie et son attachement au président de la République. Je n'en dirai pas plus, le reste c'est la surprise. C'est pourquoi j'en profite pour appeler tous les autres qui ne sont pas militants du FPI et qui hésitent encore, à prendre leur courage, à venir nous rejoindre parce que le bateau s'en va. Il faut que les gens montent dans le bateau.

N.V. : Quand vous parlez du Sanwi, il va au-delà d'Aboisso, est-ce à dire que Bonoua, Adiaké, Bassam seront concernés ou faites-vous allusion au seul département d'Aboisso.
L.K.K. : Je fais allusion au département d'Aboisso. Le Sanwi se repose sur deux départements historiques. Le département d'Aboisso et le département d'Adiaké. Il est composé de plusieurs peuples notamment les Agni, les Ehotilé. Bref ! aujourd'hui, je parle principalement des Agni du département d'Aboisso mais à cette occasion naturellement, une délégation des chefs attié sera présente, une délégation des chefs adouvlè sera présente, une délégation du pays essouma sera présente, une délégation du pays ehotilé sera présente. Tous ceux-là viendront pour être témoins de l'événement et en le faisant, c'est toute l'unité historique qui sera réalisée. Mais je leur ai dit que ce qui se passe à Aboisso a commencé au pays essouma. Le pays éhotilé est en train de s'organiser. Le pays adouvlè est en train de faire la même chose. Dans quelques jours, vous verrez comment dans les autres régions le processus est en train de se faire ; donc je suis confiant en l'avenir du FPI dans cette région.

N.V. : Comment expliquez-vous ce contraste entre votre confiance, le travail qui est fait et les crises internes au FPI dans votre région ?
L.K.K. : Il ne faut pas confondre les crises qui ont lieu et les querelles de personnes. On ne peut pas gérer les querelles de personnes et on ne peut s'y attarder. En ce qui me concerne je n'ai pas pour habitude de gérer les humeurs. J'avance. J'ai une mission, j'ai un travail. Celui de faire en sorte que mes parents puissent retrouver leur dignité, leur véritable liberté. C'est ce qui m'intéresse. Car pour moi, le Sanwi est une passion. Par rapport à l'histoire et tout ce qui a été fait, je pense que cette région mérite mieux que ce qu'elle a aujourd'hui. C'est pour cela que je reste là. J'ai une seule vision : avancer.



Interview réalisée par Guillaume T. Gbato Coll. Guy R. Oppéri

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