mardi 13 novembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

l'arrivée de John Négroponte à Abidjan démontre que Paris et Washington n'ont pas la même lecture de la sortie de crise en Côte d'Ivoire.

Cinglant désaveu. L'administration Bush a administré, le week-end écoulé, une leçon diplomatique aux gouvernants français. Le passage fort remarqué de John Négroponte, sous-secrétaire d'Etat américain, prend le contre pied des clichés que Nicolas Sarkozy tente de perpétuer. A savoir que les autorités ivoiriennes sont infréquentables. Depuis la signature de l'accord politique de Ouaga qui a retiré le dossier ivoirien des mains de Paris, aucun officiel français ne s'est rendu sur le terrain, pour s'enquérir des avancées ou des limites du processus de sortie de crise. Le numéro deux du département d'Etat, lui, est venu s'imprégner de l'application de l'accord de Ouaga. L'adjoint de Condoleezza Rice qui a rencontré le Président Gbagbo, a soutenu à la fin de l'audience : Il y a beaucoup d'espoir quant à la mise en exécution de l'accord politique de Ouagadougou. Un constat qui sonne comme une désapprobation de l'approche française. De fait, Paris qui a pris ombrage du pacte signé le 4 mars, continue de le combattre. Ses filleuls houphouëtistes se font les porte-voix de cette guerre contre l'attelage Gbagbo-Soro. Ainsi se justifie le rendez-vous manqué de Bernard Kouchner à Abidjan il y a quatre mois. Le tout nouveau ministre des Affaires étrangères, venu à Bamako assister le 8 juin dernier à la cérémonie d'investiture du président réélu, Amani Toumani Touré, s'est détourné de l'escale d'Abidjan et Ouaga. Pour la seconde capitale, ce n'était que partie remise. Kouchner y revient ces jours-ci. Abidjan devra attendre sans doute la fin du processus, et la présidentielle que la France veut tailler sur mesure. Surtout, l'Elysée n'entend pas rendre une visite qui s'assimilera à une onction de l'accord inter ivoirien. Ainsi au lendemain du voyage du ''French doctor'' au Mali, le quotidien parisien ''Libération'' analysait-il : Dans le contexte actuel, alors que le processus de sortie de crise patine en Côte d'Ivoire, cela aurait été une erreur de se rendre à Abidjan. Le président (Sarkozy) n'était pas très enthousiaste. La diplomatie américaine, elle, ne s'embarrasse pas de fioritures. Washington veut se faire sa propre idée du processus de paix, et a dépêché une délégation sur place. Durant son séjour de quarante huit heures, John Négroponte a écouté partisans et adversaires des arrangements politiques issus du dialogue direct : le chef de l'Etat et le Premier ministre d'une part, Bédié et ADO de l'autre. Après coup, l'émissaire de George Bush peut conclure que l'accord de Ouaga est la voie d'accès à la paix. Ce n'est vraisemblablement pas l'avis de l'Elysée.

Guillaume N'Guettia

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