vendredi 26 octobre 2007 par 24 Heures

Sale temps pour les dirigeants des structures de gestion et d'encadrement de la filière café-cacao. De l'avis d'un observateur très averti de la question, le chef de l'Etat, qui serait particulièrement remonté contre eux, aurait décidé que la lumière soit faite dans les affaires de détournements massifs des fonds des planteurs.

Aucune information, on s'en souvient, n'avait filtré sur les sujets débattus lors de la rencontre qui a eu lieu le week-end dernier entre le Président Gbagbo et les responsables des structures de gestion de la filière café-cacao.
Placide Zoungrana, président du conseil d'administration de l'ARCC, au nom de ses collègues des autres structures, avait fait un compte-rendu plus que diplomatique? de l'objet de la rencontre.
Un discours qui, il est vrai, n'a dupé personne.
Dans ce contexte électrique qui a fait suite à la saisine par le chef de l'Etat, du procureur de la République, à l'effet de diligenter une enquête sur la gestion des fonds des paysans, on se doute bien qu'une telle réunion ne pouvait avoir pour seul objet, une banale question de politique de commercialisation des produits.
Même en période d'ouverture de campagne.
Cela aurait été le cas que la concertation serait présidée par le ministre de l'Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, à son cabinet.
L'éventualité d'une réunion avec le Président Gbagbo ne pouvant intervenir qu'en cas de problèmes complexes dans le processus de commercialisation.
On en est loin.
La réalité qui a motivé la concertation de dimanche dernier est ailleurs.
Face aux dirigeants de la filière, Laurent Gbagbo, qui semble tenir absolument à obtenir des résultats au terme de l'enquête qu'il a commanditée, aurait clarifié les choses.
D'autant plus, nous précise une source proche du palais, que le Président a appris que certains responsables, qui croyaient à un coup de bluff à l'annonce de l'enquête, adoptaient un air arrogant envers les enquêteurs de la police économique.
Selon la même source, le chef de l'Etat aurait adressé une sévère mise en garde à ses invités du jour.
Il a tenu à leur faire savoir sa détermination à voir l'enquête aboutir.
Le Président a surtout averti que celui qui, par son attitude, fait obstacle ou contrarie la manifestation de la vérité, ne devrait guère compter sur lui.
La Justice, aurait-il précisé, a toute la latitude de mener les interrogatoires comme la loi le prescrit.
Il faut donc s'y soumettre, leur a-t-il recommandé.
Totalement.
Un des gros bonnets de la filière lui aurait alors répondu que les interrogatoires tournaient beaucoup autour des dons que les structures auraient consentis à certains organismes privés et institutions publiques.
Ce à quoi le chef de l'Etat a répliqué aussitôt en leur précisant que quand on fait un don, on passe les écritures.
Il aurait même affirmé être en mesure de justifier les dons qui lui ont été faits à lui, dans le cadre de ses fonctions à la tête de l'Etat.
Il leur aurait lancé, presque comme un défi, n'avoir rien à cacher.
Dans le même sens, il a invité les PCA à mettre tout en ?uvre pour apporter les justificatifs de tous les fonds qui auraient été utilisés.
Stupeur dans la salle.
Les dirigeants de la filière qui croyaient, avec l'argument massue des dons, embarrasser le Président, en ont été pour leurs frais.
Il leur faudra tout justifier.
Et cela, c'est un réel problème.
Une vraie gageure ! On parle, au bas mot, de plusieurs centaines de millions qui auraient été soustraits des caisses des fonds de la filière, pour le financement de certaines structures politiques.
La dernière coupe du monde de football en Allemagne, et le prétexte du sponsoring de l'équipe nationale, auraient présenté aussi, selon nos sources, de bonnes opportunités de sortie massive de fonds.
Doit-on revenir sur le scandale du rachat de l'usine de Fulton aux Etats-Unis d'Amérique dont les révélations explosives faites par la presse ont déclenché l'ire du président de la République ? Chaud-chaud devant ! Dans les coulisses de la filière café-cacao, on invoque à mots couverts la réplique d'un responsable du FRC qui, pour répondre à un impertinent, a déclaré ceci : Nous, au moins, nous avons acheté une usine.
Même si elle ne marche pas encore, c'est mieux que d'acheter un poulailler à 9 (neuf) milliards?.
Allusion à peine voilée à l'acquisition par le FDPCC de l'entreprise d'élevage de volailles coco services?.
Dans tous les cas, le procureur aura fort à faire.
On susurre que 10 (dix) milliards de FCFA ont été décaissés, il y a quelques années au profit de Forexi, une autre acquisition du FDPCC, pour le forage de 2000 (deux mille) puits en zone rurale.
A ce jour, il n'y aurait eu, en fait, que 124 forages entamés.
Sur ces 124 forages, seuls 63 ont été achevés.
Or, le PCA de Forexi n'est personne d'autre que le PCA de l'ARCC, Placide Zoungrana.
Haut cadre du FPI et directeur de campagne à Toumodi de Laurent Gbagbo, le président sortant.
Du reste, selon une source diplomatique à Washington, la délégation ivoirienne conduite par le ministre de l'Economie et des Finances, Charles Diby Koffi et comprenant notamment le directeur de l'économie, Aubert Zohoré, qui a pris part aux Assemblées annuelles des institutions de Brettons Wood, dans la capitale fédérale américaine, s'est vue apostrophée lors de ce rassemblement.
Si les institutions financières internationales se réjouissent de ce qu'une enquête a été diligentée pour situer les responsabilités sur les scandales dans la filière café-cacao, notre source insiste pour dire qu'elles attendent avec impatience les résultats de l'enquête en cours Le chef de l'Etat, affirme un de ses proches, serait si excédé par les écarts et la fringale financière de ses proches qu'il en ferait des migraines.
D'autant plus qu'un membre de son entourage aurait créé la sensation en s'offrant, d'une façon peu conventionnelle, une hyper plantation à l'entrée de Gagnoa pour la modique? somme de 1 milliard (1.
000.
000.
000) de F CFA.
En payant, en espèces sonnantes et trébuchantes, 750 millions et, par chèque, 250 millions.
On raconte, pince-sans-rire, qu'il a fallu toute une journée aux comptables pour recompter les 750 millions de Fcfa que notre nouveau riche transportait tranquillement dans une mallette !!! Ainsi va la République des refondateurs qui semblent avoir compris que la chose la plus urgente une fois au pouvoir, c'est de refonder les comptes en banque qui, pour certains, n'avaient même pas encore reçu de fondation.


Une correspondance particulière de Sansan Kouadio


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