mercredi 17 octobre 2007 par Notre Voie

Samedi 06 octobre 2007. Une semaine et deux jours francs se sont donc écoulés ce jours lorsque je noircis cette page. Il y a donc plus d'une semaine, je faisais une remise de chèques au guichet de ma banque. L'agent m'informe, à ma demande que, je pourrai en disposer sous soixante-douze heures. Trois jours donc, sauf fin de semaines et jours fériés. Le mardi 09 octobre suivant est férié : la fin du jeûne du Ramadan. Le compteur de mes trois jours d'attente venait ainsi d'être bousculé. Il me faut alors attendre le vendredi 12, c'est-à-dire la fin de la semaine. Tous, nous attendions, avec nos frères musulmans, de savoir si oui ou non, ce vendredi-là, Dame Lune se dévoilerait. Il y avait donc suspens sur le pays. Pour ce qui me concerne, je n'ai appris la nouvelle informant que vendredi serait férié que le jeudi nuit vers 21 heures et par pur hasard. Un jeune gérant de cabine nous tournait autour à la recherche de clients en disant Appel, appel, pour souhaiter bonne fête aux amis Musulmans?. C'est alors que, lui demandant ce qui se passait, il m'apprit que le vendredi venait d'être décrété férié, car l'on avait vu la lune. Pour moi qui comptais les jours, c'était une douche froide. Car, j'avais des ouvriers à payer en cette de fin de semaine. Mardi ayant été chômé pour cause de férié, le compte n'y était pas non plus. La soirée s'est alors transformée en une sérieuse introspection pour trouver solution à ce qui m'attendait. Je ne voyais vraiment pas quoi leur dire, car ils avaient déjà attendu longtemps. Je devais les avoir payés la semaine d'avant. Mais, me disant que rien n'est perdu puisque ma banque ouvre le samedi, je pouvais compter sur la compréhension des agents pour faire quelque chose?. Toute la matinée du samedi 13 a été passée à la banque. L'on ne pouvait rien pour mou malgré mes explications qui étaient en fait une doléance. J'ai mis en avant mon ancienneté dans l'établissement. J'ai déclaré que vu la carte bancaire que je possède, je pouvais espérer meilleur traitement, surtout qu'il y allait de la vie de quelques familles dont les chefs m'attendaient pour avoir un peu?. Rien n'y fit ; l'on objectait que les trois jours n'avaient pas été bouclés et qu'en plus mon compte n'est pas dans leurs livres. Le système informatique est impersonnel, soit. Mais ce n'est qu'un programme qui est fait par des hommes. Ils programment les machines, sur la base du calendrier. Or, la fin du jeune dépendant de la sortie de la lune, ne peut être anticipée sous forme de donnée informatique. Le férié que donne le jour de la Fête Nationale est programmable ; idem pour les départs en congés de Noël. A l'heure où Dame Lune s'est montrée, les programmeurs n'étaient plus à leurs pupitres. La preuve, les journaux ce jeudi soir, ont fait leur travail normalement. Preuve que personne ne savait rien. Le vendredi matin donc, nombreux sont les titrologues qui ont dû être surpris de ne pas pouvoir se livrer à la lecture de leur Une préférée. A la banque, l'on n'a pas pris cela en compte que ce férié en avait surpris plus d'un. Quelques chanceux savait. A preuve, ce monsieur dans le wôrô-wôrô qui m'a déposé samedi matin à la banque et je cite : l'Imam de la Mosquée avait dit que vendredi serait férié?. OK, mais et tous ceux qui n'y étaient pas comme moi ? Et même aussi ces quelques musulmans qui auraient manqué à l'appel du Muezzin ce jour-là ? Ne peut-on pas fixer d'avance les fériés, sur la base de l'observation ? Car scruter le ciel pour voir Dame Lune avant de décider pour un pays est quelque peu ringard. D'ailleurs, je crois savoir que la communauté Shiite n'a pas suivi ce férié-là. Pour elle, on n'a pas vu la lune?. Les banquiers dont les écrans attestaient bel et bien ma remise de chèques et en ont vu le reçu ont accepté de me faire un précompte, à condition que j'ouvre dans leurs livres, un compte épargne. Ce que je fis, car je n'avais pas le choix. Je n'avais plus qu'à attendre le mardi 16h pour disposer de mon avoir, bien entendu amputé de cet encaissement qui déréglait d'une façon ou d'une autre, mes projets. Mardi le guichet affiche que je peux retirer jusqu'à cent cinquante mille (150.000) francs. Ce que je demande. Mais surprise, la machine n'avait pas été ravitaillée. Il est 10 du matin. Je fais alors la queue dans les bureaux et quand, après une bonne heure d'attente, l'on me reçoit, c'est pour dire que rien ne peut se faire (retrait par chèque d'ailleurs facturé) sans l'accord de Yamoussokro. Qui doit donner son OK par mail. Et je dois supporter les frais téléphoniques. Sachant que le temps peut être long et que j'avais autre chose à faire, je fonce aux Vallons. Le guichet (le retrait à un DAB coûte moins cher mais le maximum autorisé est tout aussi bas) sur place, n'est même pas ouvert. J'arrive en taxi à la Cité des Arts. Le guichet m'informe que je ne peux rien retirer car il ne me propose que solde ou relevé . L'option retrait n'apparaît pas. Il est 11H 45. Je suis revenu à 12H 56 et là j'ai pu retirer deux cent mille (200.000) francs. Ne riez pas, c'est la vérité ; les faits. En résumé : à Latrille, le guichet n'est pas ravitaillé ; aux Vallons, il n'est pas opérationnel ; à la Cité des Arts, il n'est pas au même niveau d'information que les autres guichets de la même banque. Même s'il est revenu à de meilleurs sentiments une heure après. Qui met les informations en ligne ? Comment cela se fait-il d'une agence à l'autre ? Y a t-il un serveur qui alimente tout le réseau ? Cela fait désordre et n'est bon ni pour le consommateur, ni pour l'image de la banque. Et plus généralement peut-être aussi, pour notre système bancaire.
Au total, j'ai été mis sous pression et ai perdu du temps à courir d'un guichet à un autre. Les ouvriers n'ont été réglés que dans la soirée du mardi. Les fournisseurs, remis à plus tard puisque ne disposant pas du nécessaire pour payer. Et si je me mettais à penser que mon retard est autant de gain (intérêt) pour la banque qui a retardé un décaissement ? Peut-on parler de préjudice et demander une indemnisation ? L'écrivant, ne suis-je pas en train de m'exposer à quelque discrète coercition ? Car n'est-ce pas qu'en dernière analyse, j'ai en effet mes doigts dans leur bouche ?
Ces lignes n'ont pour seul but que de tirer une sonnette d'alarme. Car l'enjeu ici, c'est bien le flux financier. Un opérateur ainsi malmené se décourage et peut choisir de thésauriser chez lui. Asséchant plus ou moins le circuit et cela, est un manque à gagner pour ses partenaires, pour lui et les impôts du pays. Sans oublier la perte de temps à ses bureaux et donc le ralentissement ou la suspension de ses propres affaires.
Sans rancune, car nous sommes sur le même navire, chacun doit y mettre du sien pour aller vers un système bancaire plus souple, motivant et performant.

Dr. Guehoun
Université de Bouaké

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023