mardi 16 octobre 2007 par Nord-Sud

L'initiative du chef de l'Etat de lancer une enquête dans le cacao : De la poudre aux yeux, un prétexte pour des règlements de comptes. Des producteurs et responsables de structures dirigeantes expriment leurs craintes.

Le doyen Sansan Kouao, président de l'Union interprofessionnelle des coopératives de production agricole et animale (Unicagra-ci) a estimé hier que le mal de la filière café cacao ne va pas se volatiliser simplement parce qu'une enquête y a été annoncée par le chef de l'Etat. Joint au téléphone, le Vieux, d'abord réticent, a fini par se lâcher: () Ma pensée n'est dirigée par personne. Donc, je ne roule pour personne. Mais, je constate simplement que la filière a toujours été mal gérée Aujourd'hui, on parle d'enquête de Gbagbo. Ma seule réaction c'est que je ne crois pas que la souffrance des producteurs prendra fin maintenant. Le président de la bourse café cacao, (Bcc) Tapé Do Lucien, lui a choisi le silence. Je n'ai aucune réaction. On attend tous pour voir, a-t-il lâché. Du côté du Fonds pour le développement des activités des producteurs de Café cacao (Fdpcc), c'est la sérénité, dixit le chargé de communication, Fernaud Kouassi. C'est avec sérénité que nous apprenons qu'une enquête sera lancée. C'est une bonne initiative que vient de prendre le président. Maintenant, l'efficacité dépendra de l'orientation. Si l'enquête, comme annoncée, reste concentrée sur les flux financiers et les acquisitions, avec pour principal objectif de savoir comment l'argent des producteurs a été utilisé, alors, nous adhérons pleinement, a-t-il exprimé. A la question de savoir si le Fdpcc ne craint pas d'être particulièrement visé par cette enquête, Fernaud Kouassi, répond par une invite à la présidence. Il faut faire gaffe de ne pas laisser l'enquête servir de prétexte pour des règlements de compte personnels. De toutes les façons, au Fdpcc, les procédures ont toujours été claires. Les décisions sont prises à l'unanimité des membres du conseil de gestion. De sorte que si un seul membre dit non, tout est à reprendre. De même, les décaissements, sont obligatoirement validés au préalable par le comité interministériel des matières premières composé de quatre ministère et en plus de la primature. Même les appels de fonds font l'objet d'une validation préalable par deux ministères. Tout est vérifiable, a-t-il soutenu. Le président du Syndicat national des agriculteurs de Côte d'Ivoire (Synagci), Soumahoro Moussa, lui, met le pied dans le plat. Il ne faut pas se voiler la face. Cette enquête c'est juste un moyen pour faire baisser la pression et détourner les regards. Elle n'aboutira nul part. On sait ce que deviennent les enquêtes en Côte d'Ivoire, surtout quand elles sont annoncées par le chef de l'Etat et pilotées par le procureur de la République, charge-t-il. Tanoh Alfred, producteur à Méagui, ne croit pas non plus en une enquête sérieuse. Il suggère que le pouvoir commence d'abord par faire suivre les précédents rapports d'enquêtes de décisions de redressement et de sanctions. Il s'agit notamment de ceux de l'inspecteur François Kouadio, de l'Union Européenne, de la Banque Mondiale et de Global Witness.





Djama Stanislas

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