vendredi 7 septembre 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le président du Conseil économique et social était le jeudi 6 septembre 2007, l'invité de l'Association Ethique, Légalité pour l'avenir National (ELAN) à l'hôtel Ivoire. Ci-dessous de larges extraits de son intervention. Après la crise
Qu'allons-nous faire de la paix ?
Tel est le thème que, en accord avec vous, je me propose de traiter ce matin. I)L'ETAT DES LIEUX
()Afin de permettre à chacun de jauger l'ampleur du mal, nous voudrions, ici, donner quelques chiffres, au niveau du coût des denrées de première nécessité telles que l'huile, le savon, le sucre, le riz, la banane, la tomate, dont les prix ont connu une augmentation allant de 18 à 100%. Ainsi, la bouteille d'huile de 90 cl qui coûtait 625 F CFA avant la guerre vaut aujourd'hui 800 F CFA, soit une augmentation de 28%. Le sucre est passé de 400 F CFA le Kg à 565 F CFA, soit 41,25% de plus. Quant à la banane, la tomate, l'aubergine, les tas de 200 F, 300 F, 25 F coûtent aujourd'hui respectivement 400 F, 600 F, 50 F, soit une augmentation de 100%. Comme on le voit, l'inflation atteint gravement le quotidien de l'Ivoirien, les salaires- crise oblige - n'ayant pu, tous, suivre cette courbe ascendante.
Par ailleurs, les infrastructures de toutes sortes : routes, édifices publics et autres locaux scolaires et sanitaires, sont dans un état de délabrement avancé ; quant aux trottoirs de nos belles rues d'antan, ils sont transformés en commerces, tandis que les immeubles, aux façades délavées, restent toujours tristes et déprimants. Si, à tout cet environnement physique qui donne au pays un air de délabrement général, on ajoute les dégradations humaines et morales, l'incivisme, la paresse, le laxisme, la corruption rampante, l'insécurité et la violence sous toutes ses formes, l'on mesure les dégâts physiques et moraux de cette sale et inutile "crise" ivoirienne. Il est donc urgent, dans un vigoureux "sursaut national", d'opérer un véritable "lavage" général, tant psychologique, moral que physique, afin d'arrêter cette triste descente aux enfers. Le peuple ivoirien mérite mieux.
A/ Au Plan National
1- Promouvoir une éducation à la citoyenneté
Certes, à côté des conséquences néfastes de la crise que nous avons mentionnées plus haut, nous pouvons noter que cette épreuve a provoqué l'éveil de la conscience nationale, la prise en mains d'elle-même par la société civile qui a désormais compris que la plupart des états majors des formations politiques et de ceux qu'on appelle abusivement "grands leaders" l'ont, trahie ou, pour le moins, se sont servi d'elle au lieu de la servir. Aussi importe- t-il, ici, d'inviter les acteurs politiques ivoiriens, grassement entretenus, au nom de la Démocratie, par le peuple de Côte d'Ivoire à faire preuve de plus de responsabilité, d'amour du pays, de respect de la légalité. Ils doivent comprendre que ce qu'ils qualifient, non sans ironie mal placée, de "transhumance politique" n'est autre que la conséquence de leurs propres turpitudes qui mettent à mal les militants, libres de s'en aller ailleurs pour se rendre plus utiles au pays. Ce choix est libre, comme dans toute Démocratie. Au surplus, la société civile ivoirienne a, désormais, une compréhension plus grande des relations internationales. Mais, si la Communauté Internationale a une responsabilité incontestable dans notre triste situation, il faut, cependant, dénoncer l'incivisme et la soif du gain facile qui gangrènent, aujourd'hui comme hier, le corps social. Nous devons, tous réagir avec vigueur et détermination contre ces maux sociaux, notamment la corruption, une des denrées les mieux partagées de par le monde, et plus particulièrement en Afrique.
Chez nous, le désordre et l'anarchie observés et vécus tout au long de cette crise?, découlent de notre rapport à l'Etat, à la Nation. Mon combat pour le respect de l'autorité de l'Etat et des Institutions de la République se justifie par mon refus absolu de ce désordre et de la loi de la jungle. Mon libre choix, sur ce chapitre, n'est pas négociable, parce que le désordre est la mère de tous les maux de la société. Quand il s'installe durablement, il peut anéantir toute une Nation. () C'est ici le lieu de mettre fin au renversement des valeurs observé, notamment dans nos universités et nos structures de formation où l'apprenant est devenu le maître du maître, où des résidences universitaires appartiennent pratiquement à des étudiants qui se sont transformés en véritables commerçants voire en propriétaires immobiliers, fixant et encaissant, pour leur compte, des loyersNous devons tout mettre en ?uvre pour que l'Organisation des étudiants reste fidèle à sa vocation de syndicat qui défend ses intérêts et se préoccupe plus des études que de la politique que ses membres auront tout le temps de faire, lorsqu'ils seront dans la vie active, munis de leurs diplômes et d'une solide formation leur permettant de servir, avec compétence, la Nation. Arrêtons, dès maintenant, cette "bombe à retardement", en sanctionnant, de manière exemplaire, ceux qui prennent ainsi en otage tout l'avenir du pays. "Il n'est de richesse que d'homme", dit l'adage. La formation est la voie par laquelle nous garantirons un avenir à notre nation et à sa jeunesse déboussolée. Aucune raison ne peut justifier la mise à mort du système éducatif. Plutôt que de persévérer dans le calendrier scolaire actuel qui rabaisse le niveau de la formation de nos cadres, pourquoi, s'il le faut, ne pas observer un arrêt, une pause sabbatique afin de repartir sur un nouveau pied, avec des années d'études conformes aux normes internationales, dans un milieu scolaire et universitaire assaini ? La démission, voire la complicité passive de tous ceux qui ont une responsabilité dans la marche de ce secteur important de notre destin commun n'est plus tolérable. Ici, il s'agit, certes d'une affaire de spécialistes, les formateurs, mais aussi, et peut -être davantage, d'une volonté politique forte et partagée d'où doit être exclue toute exploitation politique irresponsable, voire criminelle.
() S'agissant de l'économie, il nous faut, par exemple, reconnaître, avec courage, que certaines privatisations précipitées et souvent imposées, telles celle du matériel d'entretien routier et même celle de la CAISTAB, ne sont pas ce que nous avons fait de mieux. Il en est de même pour d'autres privatisations où la défense des intérêts de notre pays n'est pas évidente. Nous proposons, donc, de revenir sur certaines de ces privatisations, auxquelles d'autres pays ont su résister quand certains autres, qui les avaient réalisées contre leur gré, reviennent en arrière. L'erreur est humaine, mais il n'est pas sain d'y rester. Pour ma part, je suis de ceux qui n'acceptent pas le dépérissement de l'Etat, surtout pour nos jeunes pays trop faibles, où les entreprises privées, encore naissantes, sont battues d'avance dans la compétition internationale. L'Etat reste donc le seul interlocuteur valable face à la puissance et au poids des multinationales(...). Lorsque les membres d'une même équipe jouent les uns contre les autres, elle est battue d'avance. Les gouvernements de Partis, dont les membres sont imposés au Chef, n'ont jamais réussi. Ils conduisent toujours à l'éclatement ou, pour le moins, à l'immobilisme, ce qui n'est guère mieux pour le pays.(...)
2-Créer un climat favorable à la justice sociale
Il ne peut y avoir de paix durable sans un minimum de justice sociale. C'est pourquoi, tirant les leçons de la crise, il nous faudra veiller à réduire les inégalités sociales de toutes sortes, à défaut de pouvoir y mettre fin totalement.
La tricherie organisée aux différents examens et concours, surtout ceux de l'Administration publique, qu'elle soit scolaire ou professionnelle, constitue une altération du principe de l'égalité des chances pour tous les citoyens. La dénonciation récurrente de ces pratiques, ces derniers temps, l'interpellation que les victimes ou témoins présumés font aux différentes autorités ne doivent plus rester lettre morte. Il faudra prendre des mesures courageuses afin d'ouvrir des enquêtes judicaires en vue de sanctions justes et dont l'exemplarité découragera désormais tous les délinquants dont le comportement sape les fondements de notre société où seuls le mérite et le travail devraient recevoir récompense et promotion. De même, le népotisme et le clientélisme dans la promotion sociale devront être combattus avec rigueur. Il nous faut, ici, opérer un changement radical des mentalités qui consistera à combattre le laxisme et à développer le goût du travail bien fait, avec une obligation de résultats, car, faut-il le rappeler, travailler, ce n'est pas seulement être présent sur le lieu du travail, mais c'est surtout produire des résultats, à l'image du maçon dont on voit le mur s'élever chaque jour un peu plus. A voir les dossiers qui traînent sur certains bureaux et le désarroi des usagers, l'on se rend compte que malgré la révolution des NTIC, c'est la mentalité même du travailleur qu'il faut "révolutionner", en lui inculquant le sens du service public, sans dessous de table, ni autres avantages illicites. Cela n'honore ni l'agent de service, ni le corrupteur ()
3-Développer un environnement de sécurité
La sécurité des personnes et des biens représente la condition essentielle de l'exercice de toutes les libertés publiques et de la cohésion sociale. La responsabilité des forces de Défense et de Sécurité dans le maintien de la paix reste fondamentale, voire cruciale. Aujourd'hui, un sentiment d'insécurité mine la société ivoirienne dans son ensemble. Aussi, des réponses appropriées aux inquiétudes légitimes des populations pourraient-elles ramener la confiance et la sérénité des citoyens en vue de la reprise normale des activités socio-économiques. A cet égard, c'est assurément le professionnalisme des agents de sécurité, combinant à la fois la technicité, la rigueur et la déontologie ainsi que l'éthique qui permettra de rétablir un service public de sécurité encore plus efficace et plus performant. S'il nous parait justifié de saluer et de féliciter nos forces de l'ordre pour leur dévouement, il faut, par contre, mettre un terme aux pratiques maintes fois décriées, telles que les rackets, l'abus de pouvoir, les comportements délictueux et tous les manquements à l'éthique de la profession et à la morale que l'on constate au niveau de quelques brebis galeuses qui ternissent l'image des "corps habillés". 4- Revoir la cohérence et la fonctionnalité de certaines structures
() Loin de nous l'idée de vouloir donner des leçons, mais certains constats s'imposent : l'exemple de la gestion de notre environnement est un cas patent : écartelée entre les ministères de l'environnement, de la santé, de la ville et de la salubrité publique, le district et les communes, cette gestion crée des conflits de compétences, alors même que la ville d'Abidjan ploie sous le poids des ordures. A notre sens, pour des questions aussi sensibles que celle-là, il serait judicieux de mettre en place des administrations de mission, avec des objectifs déterminés, des moyens adéquats, une obligation de résultats et un contrôle de tous les instants, efficace et objectif. Par exemple, à notre avis, un simple Commissariat, rattaché à la Présidence ou à la Primature, pourrait résoudre cette question de la salubrité publique si récurrente Dans la même optique, il y a lieu de revoir les missions et les champs de compétence de certains établissements publics nationaux (EPN) pour une plus grande cohérence et plus d'efficacité. Par exemple, à quoi sert-il, en effet d'avoir l'OSER (Office de Sécurité Routière) si, par ailleurs, le contrôle de l'état des véhicules est l'affaire d'une structure différente, l'état des véhicules étant l'un des facteurs les plus fréquents des accidents de la circulation ? Parlant de l'OSER, notre avis est qu'il faut privilégier les campagnes de proximité qui devront se faire à des heures où la cible réelle est disponible, et non pas par des supports qui, à la vérité, ne sont pas consultés par la majorité des concernés, en particulier les chauffeurs de taxis et autres professionnels du transport en commun (cas des worô-worô). 5- Consolider la paix par des élections rigoureuses
() Malgré la mise en place de commissions électorales autonomes ou indépendantes, la contestation des résultats demeure une constante, en raison des mauvaises conditions d'organisation, des tentatives de fraude et des violences dans le déroulement de la campagne et du scrutin. Il faut, impérativement, conduire les populations à de bonnes élections : libres, ouvertes, transparentes et crédibles. Dans cet ordre, il apparaît indispensable d'assurer une maîtrise de la dynamique électorale globale, allant de l'identification générale des populations au processus électoral proprement dit. Cette action exigera, de tous, de la sincérité et de la bonne foi, dans les actes comme dans les intentions. Il faut donc éviter de préparer les électeurs à contester a priori les résultats des élections avant même qu'elles ne soient tenues. L'intérêt de la Côte d'Ivoire commande que tout soit mis en ?uvre pour parvenir à une paix durable et à une normalisation politique et institutionnelle, ce qui est, d'ailleurs, l'objectif principal de l'Accord politique de OUAGADOUGOU. Il conviendrait donc de procéder, au préalable, à la sensibilisation et à l'éducation politique et civique du peuple. L'appui d'Institutions internationales spécialisées, neutres et impartiales, s'avère à cet égard nécessaire. J'ai dit appui, entendez : observation, témoignage et non organisation, "désouverainisation". Après bientôt cinquante ans d'indépendance, il y a des pratiques qui ne sont plus acceptables. B/ Au plan Extérieur
Notre pays a toujours mené une politique d'ouverture envers toutes les nations et la crise que nous venons de vivre, a, une fois de plus, montré la nécessité des liens avec nos frères, notamment nos voisins immédiats. Elle a surtout eu le mérite de prouver, à tous, qu'aucun pays, quel qu'il soit, ne peut vivre en vase clos. La solidarité internationale est donc un facteur d'épanouissement national. C'est pourquoi, au moment où la paix se réinstalle chez nous, il y a lieu de renforcer notre coopération internationale. D'abord avec nos voisins. Sur ce chapitre, et avant d'aller plus loin, permettez-moi de saluer, avec déférence et reconnaissance, le Président du Burkina-Faso, son excellence Monsieur Blaise COMPAORE, facilitateur de l'Accord Politique de Ouagadougou et dont l'implication personnelle a été un gage de succès pour la fin de la crise qu'a traversée notre pays. Il nous faut capitaliser, à présent, ce retour de la confiance au sommet de nos deux Etats, en développant et en améliorant nos échanges économiques, sociaux et culturels afin de renforcer ce qui nous a été légué par l'histoire et la géographie. Il en va de même pour nos autres frères africains, proches ou lointains, en vue de créer une véritable chaîne de solidarité, garante d'une intégration régionale réussie et durable. La mise en commun de nos efforts et de nos moyens nous permettra de mener des actions concrètes fortes, de réaliser des économies d'échelle et d'atteindre, plus rapidement et plus efficacement, les objectifs de développement, de sécurité et de paix. Il nous faut, par exemple, nous associer dans les domaines déterminants pour l'avenir du Continent que sont la formation et la recherche qui nécessitent des investissements importants, dépassant généralement nos capacités nationales. Il en est de même pour les transports aériens, maritimes et ferroviaires, ou le combat pour les changements souhaitables à l'ONU, l'OMC, etc.
Pour ce qui est de notre politique extérieure, nous rappelons que notre pays a toujours mené une politique d'ouverture envers toutes les nations. "La Côte d'Ivoire se veut l'amie de tous et l'ennemie de personne", disait notre "père spirituel" le Président Félix Houphouët-Boigny. Cette constante de notre vision des relations internationales continue d'être une réalité tangible. Le nouveau régime, à notre connaissance, ne l'a pas changée. De ce fait, "élargir le cercle des amitiés" ne doit pas être perçu comme un quelconque rejet des premières amitiés, les plus anciennes, dont, somme toute, les résultats sont globalement satisfaisants. Toutefois, l'évolution du temps rend nécessaires des adaptations pour mieux entretenir des relations dynamiques et réciproquement bénéfiques. Des mutations profondes se sont opérées dans le monde depuis la chute du mur de Berlin, le 09 Novembre 1989, et surtout la dislocation du camp de l'Est, qui a mis fin à la "guerre froide", qu'il ne serait pas réaliste de négliger. Ainsi, souhaitons-nous que les amis traditionnels comprennent que les temps du changement ont sonné. Cela s'appelle chez certains "la rupture". Cette même rupture, ce changement, de ton ou de fond, peut également être de mise chez nous en toute responsabilité, en toute sérénité et en toute liberté dans l'intérêt de notre pays. Cela ne peut être perçu ni comme inimitié ni comme rejet. L'on ne peut refuser aux autres ce que l'on veut pour soi- même...
Il est conseillé à l'Afrique de prendre son destin en main, d'oser davantage. Cela est heureux !
Il est tout simplement souhaitable que les leçons que l'on donne soient en concordance avec les actes que l'on pose. C'est peut-être une nouvelle ère qui s'ouvre, nous l'espérons, car, dans le passé, ce ne fut pas toujours ce que nous avons observé sur le continent. Toute volonté d'émancipation et toute tentative de prise en mains du destin de leurs nations par les leaders africains se sont souvent heurtées, en tout cas jusqu'ici, à des incompréhensions, voire à des embûches. Hier, c'était avec le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie, Patrice LUMUMBA au Congo, Sékou TOURE en Guinée et bien d'autres. Aujourd'hui, c'est Robert MUGABE au Zimbabwe, Laurent GBAGBO en Côte d'Ivoire J'en oublie, assurément, qui pâtissent encore de ce mariage du cheval et du cavalierAlors, que nous veut-on exactement ? Les choses vont-elles enfin changer où l'homme noir sera considéré par tous comme un être pensant, libre et responsable ? Comme cela serait bien salutaire pour tous !
C'est le lieu de stigmatiser l'attitude de l'intelligentsia africaine qui a démissionné face aux nouveaux défis de l'Afrique. Si hier, l'argument de certains pour demeurer dans le confort douillet de l'Occident, était l'absence de démocratie dans nos Etats, aujourd'hui, le manque d'esprit de sacrifice conduit ces mêmes intellectuels et certains de leurs cadets à abandonner leur continent à la recherche de profits personnels plus substantiels dans les pays riches. Qui développera donc l'Afrique si ses propres fils la laissent à la merci des prédateurs ? "La fuite des cerveaux", qui est l'autre nom de "l'immigration choisie", est dommageable à notre avenir commun, dans cette ère de mondialisation, où, seules la connaissance et la compétence peuvent garantir un minimum de souveraineté à nos Etats et permettre de nous battre pour la compétitivité, la nouvelle donne des échanges dans notre monde.
() C'est pourquoi, il m'importe d'appeler l'attention de mes compatriotes sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) identifiés et adoptés par l'Organisation des Nations-Unies (ONU) en l'an 2000, avec, pour terme d'évaluation, l'année 2015. C'est dire que nous sommes déjà à mi-parcours. Cette "boussole mondiale" pour le progrès social, à travers ses huit objectifs globaux, allant de la réduction de l'extrême pauvreté à la lutte contre les grandes pandémies, doit nous interpeller sur la nécessité, et même l'urgence des actions à entreprendre. Certes, comme me le rappelait, il y a quelques jours, le Président de la République : "En période de guerre on ne développe pas, on ne réforme pas, on résiste"()
CONCLUSION : Créer un "Citoyen nouveau pour une Côte d'Ivoire nouvelle"
Après la crise, la gestion responsable de la paix doit nous conduire à créer un "citoyen nouveau" par la formation d'une nouvelle mentalité de l'homme Ivoirien, la création d'un cadre de vie assaini et sécurisé et les conditions d'un fonctionnement régulier et efficace des Institutions nationales. C'est par l'éducation à la citoyenneté que les changements, inhérents à l'évolution du temps et de la société, pourront s'opérer dans la sérénité et la confiance mutuelle pour la promotion de la démocratie constructive et du développement durable. Notre ambition commune devra être de construire une société ivoirienne dont les valeurs cardinales seront : la gouvernance, l'effort dans le travail et la récompense par le mérite, la compétence et l'honnêteté, l'humilité et la patience, la justice et l'équité dans la répartition des revenus, le respect de l'autre et la solidarité. Les atouts de la Côte d'Ivoire restent intacts, réels et incontestables. Au-delà des infrastructures telles que les ports et aéroports, les routes et les télécommunications, il y a surtout des hommes et des femmes solidement formés, ici et ailleurs, à même d'impulser un formidable bond en avant. La Côte d'Ivoire, même affaiblie par l'injuste et fausse "crise", dispose de ressorts pour rebondir encore plus fort, encore plus haut ! Il nous faut, tout simplement, la débarrasser de ses souillures et de quelques mauvaises habitudes qui peuvent l'infecter si nous n'y prenons garde !
Il nous faut, sans délai, nous engager résolument dans des réformes structurelles courageuses et nous mobiliser, dans un élan et un sursaut salutaires, autour de projets novateurs de développement, afin de reprendre le chemin de la croissance et de la prospérité. Il s'agit de mener des actions concrètes pour permettre à notre pays, la Côte d'Ivoire, de retrouver son rang, honorable en Afrique et dans le concert des nations modernes et émergentes, compétitives dans l'univers impitoyable de la mondialisation. Ici, une attention particulière devra être accordée aux PME et PMI ainsi qu'aux micro-crédits pour les micro-entreprises : cette politique volontariste de promotion des opérateurs économiques nationaux est un gage de développement durable et de paix sociale.
Mes chers amis, la Côte d'Ivoire amorce un tournant décisif de son histoire moderne et ne pourra rebondir qu'avec l'engagement ferme et sincère de toutes ses filles et de tous ses fils.
"L'homme vrai, c'est celui qui met ses actes là où il met ses mots", dit l'adage. Oui, aujourd'hui comme hier, contre vents et marées, je réaffirme et assume le sens de mon modeste combat et de ma détermination : je suis pour le meilleur et pour la République.
Mon choix est clair. J'ai soutenu, je soutiens, je soutiendrai toujours tout Président que, par la volonté de Dieu, le peuple ivoirien se donnera, quelles que soient son ethnie, sa région, ses croyances. La démocratie, pour moi, ne consiste pas à empêcher, au besoin avec l'aide de l'Etranger, les responsables de travailler et le pays d'avancer. Je suis pour une démocratie civilisée : celle où l'on dénonce avec honnêteté et courage les fautes et les faiblesses du pouvoir en proposant un programme et des choix meilleurs pour le bien-être des populations. Pour l'heure, et pour consolider la paix, efforçons d'oublier : souffrances, atrocités, humiliations, voire la perte d'êtres chers. La Paix totale et la Réconciliation vraie sont à ce prix : pardonner, dans l'amour de Dieu, le Miséricordieux, et dans l'espérance de demain. Oui, c'est à ce prix que nous concrétiserons l'essai exécuté le 30 juillet à Bouaké. C'est à ce prix que nous retrouverons la confiance indispensable, la Paix profonde et durable. Oui, chers amis, ensemble, donnons à la Côte d'Ivoire, notre cher pays la force et l'élan nécessaires à sa reconstruction et à sa renaissance pour renouer avec sa vocation de toujours être la patrie de l'hospitalité, de l'espérance et de la Paix, de la vraie paix, celle qui conduit au développement et à la prospérité partagée !
Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire !
Je vous remercie.
Laurent DONA-FOLOGO

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