jeudi 2 août 2007 par Fraternité Matin

En attendant de retrouver plusieurs autres individus en fuite, la police criminelle a déféré, hier matin, devant le Parquet d'Abidjan, six personnes dans l'affaire des douaniers braqués le 17 juillet dernier à Treichville à la descente du pont Houphouet-Boigny. Comme nous l'indiquions dans notre édition du 19 juillet, l'enquête policière accable les trois douaniers qui ont été braqués et à qui les braqueurs, au nombre de trois, ont arraché la somme de près de 140 millions de francs représentant les primes TS des douaniers. Ces douaniers sur qui pèsent de lourds soupçons répondent aux noms de : brigadier-chef Goulian Bi Kohou Emmanuel et les brigadiers Lorou Kouamé Eugène et Mme Anoh née Salimata Konaté. Quant aux trois des bandits auteurs présumés de l'opération, ils ont pour noms : Boni Aimé, Yaogo Sibiri alias Amadou et Sinaré Rasmane. Tous les six ont passé leur première nuit à la MACA après avoir été entendu par le Procureur de la République qui les a placés sous mandat de dépôt.
C'est moins de 24 h après le braquage que les limiers de la police criminelle ont mis le grappin sur l'un des bandits. Il s'agit du nommé Yaogo Sibiri, Burkinabé, âgé de 46 ans. Cet homme, déjà condamné à 20 ans d'emprisonnement ferme pour vol en réunion et à main armée en 1987, a été épinglé chez lui à Adjouffou, près de l'aéroport FHB à Port-Bouët sur information anonyme. Par ce dernier, les enquêteurs sont remontés à Boni Aimé, 34 ans, courtier en douane, qui, lui aussi, n'est pas un enfant de ch?ur. Il a été, en effet, déjà condamné en 2005 pour vol. Appréhendé, celui-ci dénonce le brigadier-chef Goulian Bi Kohou Emmanuel, le chef du service chargé du payement des primes TS au nombre des douaniers braqués. L'un d'eux en l'occurrence, Lorou Kouamé Eugène, avait été pris en otage par les bandits qui l'auraient abandonné près de la société SOVINCI en zone portuaire peu de temps après. Toutes choses qui, selon le bandit Boni Aimé, ne découlent que d'un scénario savamment orchestré. Et il raconte : " J'ai été contacté par le douanier Goulian Bi Emmanuel qui, pour être candidat à la mairie dans sa région, avait besoin de beaucoup d'argent pour sa campagne électorale. " Et pour avoir l'argent de ses ambitions politiques, Goulian Bi a, poursuit-il, mis au point une simulation d'attaque contre lui et ses collaborateurs au moment du transport des primes de la banque à leur base en zone portuaire. Pour ce faire, le douanier, futur candidat à la mairie, a communiqué à Boni Aimé la date, l'heure, le trajet et l'immatriculation de son véhicule. Des affirmations que ne reconnaissent pas les trois douaniers demeurés constants dans leurs dépositions. Des interrogations et l'analyse des faits vont cependant fonder les enquêteurs quant à la responsabilité des trois douaniers. Pourquoi, en effet, les braqueurs se sont-ils abstenus de fouiller les victimes, pour s'assurer que ceux-ci n'étaient pas armés ?! Pourquoi ne leur ont-ils pas arraché leurs portables cellulaires tout en sachant qu'avec ces appareils, les douaniers pouvaient alerter immédiatement la police ?! Comment les bandits qui disent tous avoir agi pour le compte des douaniers ont-ils su que l'opération bancaire qui devrait se faire le 16 juillet a été reportée au lendemain ?! Pourquoi des bandits interpellés individuellement et entendus séparément avant d'être placés en garde à vue font-ils la même déclaration que Boni Aimé ?! Notons que cinq millions de francs représentant la part du bandit Yaogo Sibiri ont été restitués à la direction de la douane qui en est le légitime propriétaire.

Landry Kohon

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