mardi 31 juillet 2007 par Le Temps

Formellement et personnellement invités par le premier ministre, Guillaume Soro, Bédié et Ouattara ont brillé par leur absence. Les raisons de cette défection déjà évoquées par un confrère, sont mystiques pour ce qui concerne le président Bédié - il attendrait une purification de la ville de Bouaké par des féticheurs avant de s'y rendre - et en ce qui concerne le mentor du RDR, il serait resté à la maison par solidarité avec son allié. Quant à Banny, on ne sait pas encore. On ne s'attardera pas sur les croyances ringardes du prince des Nambê. On ne spéculera pas non plus sur les raisons de l'absence du prédécesseur de Soro. On retient plutôt qu'au rendez-vous de la paix incarné par la cérémonie du bûcher, Bédié, Ouattara et Banny ont posé un lapin aux ivoiriens. Ils ne sont pas venus. Dans la meute de chefs d'Etat et de gouvernement qui se bousculaient pour assister à cette cérémonie historique, ils ont préféré glisser des représentants aux visages pâlis par la beauté et la réussite de la fête. Ils ont certainement compris la bêtise de leurs chefs. Mais c'est sûr qu'ils ne le leur reprocheront pas. Dans tous les cas, c'est une cuisine interne. Pourtant au déclenchement de cette crise, ils se sont montrés les plus ingénieux dans leur profession de foi pour la paix. " Pour la paix, il n'y a pas de sacrifice plus grand ", avaient coutume de dire Henri Konan Bédié et Charles Konan Banny , purs produits de la légende Baoulé, avec enthousiasme, pour saluer les différentes résolutions de l'ONU tendant à dépouiller Gbagbo de ses attributs de Président de la république. Hier, il ne s'agissait que de parcourir un peu plus de 400 kilomètres pour, ne serait-ce qu'aider la foi des ivoiriens à mûrir, lui Bédié, si prompt aux sacrifices et au don de soi ne s'est pas gêné. Et Ouattra l'a suivi dans sa mesquinerie. Banny a fait autant. A quelque chose, malheur est bon, a-t-on coutume de dire. Il y a quelque temps, les discours sur la paix enivraient certains au point de tresser des couronnes de laurier aux disciples autoproclamés d'Houphouët. Ceux qui ont fait de la paix " un préalable au développement ". Aujourd'hui, les actes ont certainement dessillé les yeux, désintoxiqué les irréductibles laudateurs des héritiers. On connaît désormais les ennemis de la paix. Et ils répondront devant le tribunal de l'histoire de leur trahison.
Emmanuel Fofana
efofana7@yahoo.fr

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