samedi 28 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Secrétaire général adjoint chargé des Affaires politiques au RDR et haut cadre du RHDP, le ministre Amadou Soumahoro, n'apprécie point du tout le contenu de la résolution 1765 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée le 16 juillet dernier. Et il le dit en des termes dépouillés de toute diplomatie. M. Le ministre, quelle lecture faites-vous en première analyse des décisions contenues dans la résolution 1765 sur la Côte d'Ivoire prise le 16 juillet dernier par l'ONU?
La première analyse que nous avons faite, au niveau du directoire et que je partage puisque je suis co-responsable de cette analyse, c'est que la communauté internationale s'est déculottée. Elle s'est déculottée, elle s'est reniée. Et nous ne pouvons la suivre dans ses errements. La résolution que la communauté internationale vient de prendre, est une résolution confligène. Nous ne l'accepterons pas. Et en plus, nous n'accepterons pas d'être une opposition qui va pleurnicher après les élections. Nous avons dit et nous le confirmons, nous accompagnerons et nous accompagnons l'Accord de Ouagadougou que nous soutenons et que nos leaders soutiennent. Mais le volet élection de l'accord de Ouagadougou, nous y resterons attentifs et vigilants quant à son traitement. Donc cette résolution ne nous convient pas. Nous ne l'accepterons pas. Pour la simple raison qu'elle sera source de conflit, qu'elle sera la source de guerre civile. Après que les gens eurent dit dans ce pays qu'il n'y aura jamais de guerre civile, qu'il n'y aura jamais de coup d'Etat, Mais il y a bien eu la guerre et des coups d'Etat dans notre pays. Alors, cette résolution nous pose un problème à trois niveaux. Lesquels et pouvez-vous les expliquer?
Le premier niveau c'est la suppression du poste de Haut représentant. Non seulement, ce poste est supprimé, mais son contenu arbitral a été aussi supprimé. Vous savez que le poste de Haut représentant est issu de la volonté commune des protagonistes de la crise ivoirienne à Pretoria. C'est à Prétoria que le Président Gbagbo Laurent, le président Bédié, le Président Alassane Ouattara et le Président Thabo MBeki, le médiateur, ont décidé de la création de ce poste. Disons que les protagonistes ivoiriens à l'époque ont demandé au président Thabo MBeki de demander aux Nations unies de s'impliquer dans la gestion et l'organisation des élections, de manière à ce que ces élections ne soient pas contestées, qu'elles ne soient pas bâclées et confligènes. Et qu'à la suite des élections transparentes, démocratiques, ouvertes à tous, la Côte d'Ivoire puisse, enfin, se réconcilier avec la paix. C'est cette demande qui a été faite au médiateur qui a saisi, à son tour, les Nations unies. C'est donc une volonté délibérée des protagonistes ivoiriens eux-mêmes. Ce poste créé donnait mission à ce Haut représentant de jouer d'abord le rôle de certification de tout le processus électoral et surtout d'arbitrage. S'il y a des divergences de vue. On l'a vu d'ailleurs. Lorsque le président de la CEI a été élu, cela a été contesté par le camp présidentiel, à tort. Il a fallu l'arbitrage du Haut représentant et c'est cet arbitrage qui a permis de consolider les résultats des élections à cette époque. Parce que le Conseil constitutionnel et la Cour suprême, et nous le croyons fortement, sont des institutions qui ne sont pas l'émanation de la volonté de la majorité des électeurs. Nous contestons leur impartialité et même leur légitimité. C'est pour mettre le processus à l'abri de l'impartialité que nos leaders ont sollicité le président Thabo MBeki à l'époque. Pour nous, la suppression de ce poste n'est rien d'autre que le repositionnement par le Conseil de sécurité des Nations unies, du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême. Et nous ne l'accepterons pas. La deuxième chose que nous contestons, c'est la prorogation du mandat des Forces onusiennes telle que libellée. Puisque le Conseil de sécurité entrevoit la prolongation du mandat des forces de l'ONUCI si on n'arrivait pas à faire les élections. Donc cela veut dire que les Nations unies se sont mises dans la position d'inciter le gouvernement de transition à ne pas respecter la date des élections. Et le troisième problème que pose cette résolution, c'est l'élargissement du comité d'évaluation et d'accompagnement qui est désormais ouvert à un organe consultatif non prévu par l'Accord de Ouaga. Donc cet organe prendra part aux réunions de la CEA en qualité d'observateurs, élargies pratiquement à toutes les organisations du système des Nations unies. Mais à l'époque, nos leaders avaient demandé que cet organe-là soit aussi ouvert aux signataires des accords de Linas Marcoussis. La résolution n'a pas tenu compte de cette proposition. A la limite, nous considérons que ceci est un mépris de la part des Nations unies. Que ceci est inacceptable. Et nous n'accepterons pas d'élections non transparentes en Côte d'Ivoire. Ce sont les origines de la guerre. Donc rien n'est réglé si les questions électorales ne le sont pas de façon absolue. Vous êtes donc dans une posture de contestation vis-à-vis de cette résolution. Qu'entendez-vous faire pour que votre voix soit entendue. Le souci des Nations unies étant de tout faire pour rapprocher les deux ex-belligérants pour aller à la paix, votre voix n'est-elle pas "inconsidérée"
Non, je ne le crois pas. Nous nous sommes tous inscrits dans le processus de l'Accord de Ouaga que nous soutenons. Mais, nous veillons sur son aspect électoral. Le souhait de nous tous, c'est que les deux protagonistes s'entendent pour nous amener à la paix. Mais cette entente doit se faire, tout en veillant à ce que ce processus aboutisse, à la mise en ?uvre d'élections transparentes, équitables, justes et ouvertes à tous. Comprenez à travers notre démarche que nous ne serons pas une opposition qui pleurera après les élections. Là-dessus, quelles sont vos armes ?
Nos armes, ce sont nos militants. Si nous ne sommes pas écoutés, nous mettrons nos militants dans la rue. Pensez-vous qu'il y a une volonté délibérée des Nations unies de bâcler les élections dans la mesure où les principaux acteurs se sont réunis à Yamoussoukro le 12 juin dans le cadre du CPC et ont décidé de maintenir le post de HRE ? Comment alors expliquez-vous la suppression de ce poste. Nous suspectons des combines quelque part aux Nations unies. Parce que les Nations unies doivent accompagner les Ivoiriens dans la recherche de cette paix. Or, voilà que les Ivoiriens se mettent d'accord le 12 juin, à la suite de la réunion du CPC à Yamoussoukro, et les Nations unies font le contraire de ce que les Ivoiriens, pour une fois, veulent. Nous suspectons les Nations unies de vouloir créer les germes d'une guerre civile dans notre pays. Nous demandons qu'elles reviennent sur leurs décisions, dans la mesure où l'accord de Ouagadougou que nous accompagnons a endossé tous les autres accords précédents y compris ceux de Pretoria, les résolutions 1721 et 1633. Alors nous ne comprenons pas ce comportement des Nations unies. Vous récusez la 1765. Avez-vous déjà saisi l'ONU pour lui faire savoir votre refus ?
Nos présidents sont en train de prendre des dispositions dans ce sens. On a l'impression que l'opposition s'accroche à ce poste de HRE. Est-ce à dire qu'après le départ de Studmann, l'opposition ne croit pas en elle-même ?
Ce n'est pas une question de Studmann. C'est au poste. C'est parce que nous n'avons pas confiance au Conseil constitutionnel, à la Cour suprême, que nous voulons un arbitre neutre. Les gens de mauvaise foi savent très bien de quoi nous parlons. Ces gens réduisent notre préoccupation en la personne de Studmann. On ne le connaît pas. Il n'est pas mon beau frère, ni mon oncle encore moins mon parent. Je ne le connais, ni d'Adam ni d'Eve. Mais le poste et son contenu ne peuvent pas être dilués dans une petite cellule au Représentant spécial ici. Nos présidents à Pretoria ont demandé la création de ce poste, alors que le poste de représentant du Secrétaire général de l'ONU existait. Ils n'ont pas demandé qu'on le rattache. Le conflit que nous gérons en Côte d'Ivoire est aussi consécutif à des élections mal organisées et mal gérées. Nous soupçonnons les Nations unies de vouloir créer un chaos. A première vue, nous pensons que leur mission c'était de nous accompagner vers la voie de la paix. Cette résolution, nous n'en voulons pas. Nous la récusons. A propos de l'organisation des élections, il y a quand même la CEI que contrôle plus ou moins", l'opposition . Nous ne contrôlons pas la CEI. Elle est animée par des Ivoiriens. Il y a eu une procédure mise en place. Mais la CEI n'a pas une mission d'arbitrage, selon son président. La CEI a une mission. Elle est le patron de tout le processus électoral. Mais quand il s'agit d'arbitrer, de certifier, il faut d'autres autorités. Dans un pays où il n'y a pas de problème, ce serait des institutions dont je parle. On note également dans cette résolution une révision éventuelle du mandat des Forces de l'ONUCI, une diminution du contingent, la suppression du poste de HRE. Est-ce que l'ONU n'est-elle pas en train de se laver les mains pour reculer ?
La première chose que nous disons, c'est que l'ONU s'est déculottée et s'est reniée. Cela est clair. Quant à savoir si elle veut se retirer, on veut sortir du conflit ivoirien, nous attendons pour voir. Mais s'ils veulent se retirer, ce n'est pas la bonne manière. Se retirer en mettant en place des instruments confligènes ? Je ne crois pas que ce soit le souhait de l'ONU. Dans tous les cas, nous comptons sur nos propres forces aujourd'hui pour garantir des élections démocratiques et consensuelles. Le président Ouattara a annoncé un congrès. Et des informations font état du report, de ce que certaines personnes seraient contre la tenue de ce congrès. Que pensez-vous répondre ?
() Je peux vous dire que la tenue d'un congrès fait l'unanimité, dans notre parti. D'ailleurs, je peux vous dire que nous entendons faire de ce congrès une fête. Ce sont des rumeurs. Tenez-vous à ce que je vous dis. La date ?
Non la date n'est pas encore dite. Mais le principe est acquis, pour cette année.

Akwaba Saint-Clair et Yves M. Abiet

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