Vous envoyez mille femmes patriotes à Bouaké pour le bûcher de la paix. Quelle signification donnez-vous à votre action?
Après la signature de l'accord de Ouagadougou, il y a beaucoup d'espoir au niveau des Ivoiriens pour aller à la paix. Aujourd'hui avec le bûcher du 30 juillet, la paix est en bonne voie. Nous allons à Bouaké pour soutenir cette dynamique, pour renouer la confiance avec nos frères et s?urs qui sont restés de l'autre côté. Nous y allons pour réunifier le pays. Ce bûcher est le début de la réconciliation nationale. C'est une immense joie qui nous anime au moment où nous prenons la route de Bouaké.
? Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour tout ce monde que vous envoyez là-bas?
Nous avons une dizaine de cars et des véhicules particuliers pour ce qui concerne le transport. Nous serons toutes de blanc vêtues ce dimanche en prenant la route. Nous allons faire ensuite une prière ?cumenique toute la nuit pour confier ce grand évènement au Seigneur. Et le lendemain, toutes les femmes patriotes seront dans leur uniforme aux couleurs nationales. Pour l'hébergement, nos s?urs des Forces nouvelles nous ont trouvé des sites. C'est pareil pour la restauration. Elles se sont, en tout cas, occupées de l'organisation pratique sur place.
?Avez-vous des appréhensions en allant à cette cérémonie?
Non, nous nous disons qu'aujourd'hui, tout le monde est prêt pour aller à la paix. Malgré l'attentat manqué contre le Premier ministre, nous pensons que des dispositions sécuritaires ont été prises. Aussi bien, au niveau des Forces de défense des Forces nouvelles qu'au niveau des Fanci. Nous voyons les deux chefs d'états-majors à pied d'?uvre depuis quelques jours. Donc nous ne craignons plus rien.
? Avec du recul, quelle lecture faites-vous de l'attentat manqué contre le Premier ministre ?
Vous savez que le chemin de la paix est parsemé d'embûches. Ce n'est pas un chemin facile. Il y a eu cinq ans de belligérance et il y a certaines personnes qui voudraient que cela se pérennise. Des gens veulent que notre pays demeure dans la guerre. Ils ne sont pas prêts à aller à la paix. Même chez nous, au niveau des femmes patriotes, certaines de nos amies ne sont pas prêtes pour la paix. Il leur faut du temps. Mais les femmes ne prendront pas les armes. Nous pensons que l'attentat est l'?uvre de personnes qui ont peur de la paix.
? Mais vous, Bro Grebé, êtes-vous prête pour la paix ?
Je suis prête pour la paix. J'ai fait des séminaires de formation et de sensibilisation. Je suis également allée sur le terrain, donc je suis prête. C'est pareil pour la grande majorité des femmes patriotes. Il faut que ce bûcher de Bouaké soit une grande fête. Ce sera une occasion pour les Ivoiriens de fêter la paix et de se retrouver entre frères et s?urs. C'est la Côte d'Ivoire qui a vaincu la guerre. Nous demandons donc à tous les Ivoiriens qui peuvent faire le déplacement de Bouaké de le faire au nom de l'intérêt supérieur de la nation.
Propos recueillis par Traoré M. Ahmed