samedi 9 juin 2007 par Fraternité Matin

Si le forum de Ouagadougou peut permettre à un ou deux pays africains de pouvoir organiser entièrement les élections avec les technologies de l'information et de la communication (TIC), les organisateurs auront atteint un de leurs objectifs majeurs. C'est ce que laisse entrevoir le président de Microsoft Afrique, Cheick Modibo Diarra. Le représentant en Afrique du géant mondial de l'édition des logiciels et autres solutions informatiques a en effet échangé avec les médias pour mieux faire comprendre les enjeux du Forum sur les meilleures pratiques? des TIC qui se tient depuis jeudi à Ouagadougou. Pour le patron de Microsoft Afrique, le continent a la capacité d'introduire les TIC dans les élections, dans la démocratie?, pour des scrutins dénués de toute suspicion. Sa démonstration, Dr Modibo Diarra la veut toute simple.
Imaginez cet enfant qui a 18 ans, et qui a le droit de voter. Il n'aura pas besoin d'aller dans un bureau de vote à Ouagadougou 3 ou à Ouagadougou 4, parce qu'il est sur le réseau. Il peut aller dans n'importe quel village et mettre sa carte d'identité numérique dans une machine qui lui dit : vous vous appelez Djanka, prouvez-le!?. Il met alors son pouce sur la machine qui l'identifie comme étant Djanka. Automatiquement, sur l'écran de la machine, il a par exemple les photos de cinq candidats à l'élection présidentielle. Imaginez cet enfant qui touche le visage qui lui plaît,la photo s'agrandit et Djanka valide son choix. Le vote est donc enregistré. Après un tel vote, la suite du processus électoral coulera de source, affirme, convaincu, Cheick Modibo Diarra. Imaginez dans ces conditions-là, la journée électorale close à 18h, à 18h05, on peut annoncer les résultatsEt pour toute personne ou candidat qui veut les contester, on peut faire cracher à l'ordinateur central le vote de chaque individu?, soutient-il. Et Cheick Modibo Diarra, cela sera une source de paix en Afrique. Des contraintes existent
Evidemment, comme on le voit, cette révolution technologique dans le domaine des élections relève encore de l'imaginaire dans bon nombre de pays africains. Les contraintes au scrutin électronique sont d'au moins trois ordres. D'abord, rares sont les pays africains qui disposent d'une banque de données numériques à partir de l'état civil, qui permette d'identifier les citoyens. Ensuite, en Afrique, on n'est pas à l'abri d'un vol ou d'une destruction d'un serveur pour falsifier les résultats électoraux. Etant donné que dans le système classique qui actuellement, il est courant qu'il y ait des bourrages ou tout simplement des vols d'urnes. Sans que le vote dans le bureau concerné ne soit invalidé ou repris. A Ouagadougou, des acteurs majeurs des TIC qui participent au forum affirment en être conscients. Il y a enfin l'éducation. Il faudra éduquer les populations à l'utilisation des TIC, au-delà du simple accès aux ordinateurs. Le PC n'est pas une solution complèteOn ne peut pas ignorer l'enseignement?, soutient Jean-Philippe Courtois, l'un des trois principaux dirigeants mondiaux de Microsoft. Présent aussi dans la capitale burkinabé pour le forum sur les TIC, M. Courtois affirme que sa firme souscrit à l'initiative un ordinateur à cent dollars? de l'Américain Nicholas Negroponte, mais qu'il faudra permettre à toutes les couches de la société africaine d'avoir accès à la technologie. D'ailleurs, a-t-il précisé, Microsoft entreprend la traduction de ses logiciels dans plusieurs langues africaines. Finalement, tout réside dans la volonté des Etats africains et de leurs dirigeants de jouer pleinement la carte du développement technologique et de la transparence électorale. C'est un travail qui ne peut pas se faire en deux ou trois ans, reconnaît le patron de Microsoft Afrique, parlant de l'introduction de la technologie dans tous les secteurs de la société. Si nous avons des pays qui s'engagent aujourd'hui dans ce genre de choses, nous pouvons mettre en place une feuille de route, un plan d'exécution qui va faire que d'année en année on va s'approcher du e-gouvernement idéal?, rassure-t-il. Ajoutant que pour les élections, on peut déjà? commencer. Pourvu qu'on travaille dès maintenant sur des cartes d'identité qu'on ne peut pas falsifier?. Pourvu également qu'on trouve les moyens financiers de ces engagements. Quand on sait que la priorité pour beaucoup de pays, c'est l'accès à l'eau potable ou à l'électricité.

Barthélemy Kouamé
Envoyé spécial à Ouagadougou

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