vendredi 4 mai 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le Premier ministre Guillaume Soro a, à la clôture du séminaire gouvernemental tenu mercredi dernier à Yamoussoukro, demandé une trêve à la presse afin que l'accord politique de Ouagadougou ne connaisse des écueils. Toute chose qui, à la vérité, est juste, mais irrecevable. Voici pourquoi.

A la vérité, une telle demande participe d'une culpabilisation de la presse nationale dans l'exacerbation de la crise politico-armée déclenchée depuis la nuit du 18 au 19 Septembre 2002.
C'est vrai, on peut reprocher à la presse d'avoir une part de responsabilité dans ce qui est arrivé, mais elle n'était que le porte-voix des hommes politiques, d'un côté, et de l'autre, des combattants. D'ailleurs, cette responsabilité est d'autant plus minime que la presse traduisait l'état d'esprit de chaque chapelle, selon les lignes éditoriales de journaux, souvent financés par des personnalités politiques et ''militaires''.
Si le Premier ministre Guillaume Soro, un des plus grands bénéficiaires des actions de la presse, aussi bien nationale qu'internationale, qu'il a abondamment utilisée pour se hisser au firmament de la hiérarchie administrative, se met désormais dans la peau du chef du Gouvernement de la République de Côte d'Ivoire, et agit en conséquence, au dessus des parties et clans qui s'agitent, il n'aura pas besoin de demander une trêve qu'elle s'instaurera de facto. Le contraire devant produire l'effet qui l'accompagne.
La seule trêve qui vaille aujourd'hui réside dans le travail quotidien du Premier ministre et de son gouvernement, qui doivent mener à bien le processus de sortie de crise enclenché par l'accord de Ouagadougou.
Les journalistes actuels sont les mêmes depuis toujours, depuis 1990 jusqu'en Avril 2007, en passant par 2002.
Et puis, nommé il y a, seulement, à peine un mois, il est trop tôt de demander une trêve, dans un environnement aussi défavorable à la presse nationale. Est-ce la nomination de certains hommes de presse autour de lui, et la promotion d'un professionnel au département de la Communication qui justifieraient que la presse lui dresse des lauriers?
La route est encore longue. Et si le Premier ministre Guillaume Soro continue sur sa lancée pour nous apporter la paix définitive comme il le promet, bien plus qu'applaudi, il sera adulé par les journalistes Ivoiriens. Dans tous les camps.
Laurent Nahounou

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