mercredi 18 avril 2007 par Le Temps

Les soldats de la Licorne ont quitté Bangolo à l`approche de la date de levée de la zone de confiance. Mais avant de s`en aller, ils ont brûlé tous leurs biens.

Nous n`avons pas trouvé à Bangolo, dimanche 15 avril 2007, les soldats de la Force Licorne. Ils sont partis, dit-on, depuis le vendredi 13 avril. " Actuellement, ce sont les Forces impartiales qui sont encore là, les gens de la Licorne eux, n`ont rien dit à personne, ils sont partis. " Relate un jeune. Mais ces militaires français dont on dit qu`ils ne sont pas du tout contents de mettre fin à leur séjour dans la zone de confiance, ont laissé traîné derrière eux, une triste réputation. " Les Blancs sont partis sans bagage. Mais avant de s`en aller, ils ont pris soin de brûler tous leurs biens". Précise le témoin. Et ces biens se nomment téléviseurs, postes radio, ventilateurs, climatiseurs, frigos, etc. Les soldats français ont préféré y mettre le feu, plutôt que de les laisser aux populations ou même à une Organisation non gouvernementale. Ce geste montre le visage des rapports de la Licorne avec les populations de Bangolo. Mais ce comportement des hommes de la Licorne serait une réaction à l`attitude de leurs collaboratrices. " En principe, ils devaient laisser ces appareils aux deux jeunes filles qui ont travaillé au camp avec eux. Mais lorsqu`ils se sont rendus en patrouille au canton Zarabaon où il y a eu des braquages, ces filles ont volé leurs téléphones portables qu`ils ont laissés en charge et sont rentrées chez elles à Man. C`est pourquoi, ils ont brûlé les appareils." Une vingtaine de portables. Pour certaines opinions locales, cette réaction est disproportionnée. " Ce n`est pas pour une histoire de portables qu`on peut détruire tous ces biens importants qui auraient pu servir à la population ", déplore D. Hilaire, enseignant. Pour d`autres, c`est un prétexte pour masquer leur inimitié à l`égard d`un peuple qu`ils ont toujours aidé à agresser.

Le marché de la Licorne emporté

Ils ont tout brûlé, à l`exception du marché que ces soldats avaient restauré et équipé pour leur approvisionnement. " Après leur départ, la mairie est venue ramasser tout ce qui est au marché. Avec le camion Kia, des agents de la mairie ont fait sept chargements. Ils ont déversés une partie à la mairie, une partie chez eux. " Il s`agit des tables, des chaises, des chevrons, des contre-plaqués, même des tôles. Et comme la mairie a donné l`exemple du pillage, les badauds et autres délinquants se sont rués sur ce qui reste du marché.

Depuis la récente tuerie due à un règlement de comptes entre les malfrats de la région dont les uns reprochent aux autres, leur tendance excessive au braquage, la ville est calme. Bangolo respire même un air nouvel, un soulagement depuis l`annonce de la date de la suppression de la zone de confiance et notamment lorsque la Licorne a quitté la ville. " Leur départ, moi, ça m`arrange. Ils ne font rien de bon ici pour moi ; malgré leur présence, on agresse les populations, pourtant, ce sont des soldats, donc moi, leur départ m`arrange ", se réjouit K. Félix, la vingtaine. Pour bien de jeunes de Bangolo, une nouvelle vie s`annonce pour eux, dans leur propre pays maintenant. " C`est une très bonne chose que la Licorne s`en aille parce que la zone de confiance est supprimée. Ces gens étaient venus à Bangolo à cause de la guerre, si la guerre est finie, leur mission est terminée, c`est normal qu`ils plient bagage. En tout cas, moi, je suis ravi que le redéploiement soit vraiment effectif ", jubile Eric, la trentaine. Et à la question de savoir s`il pense qu`il sera en sécurité après le départ des Blancs, il dit sans hésiter : "Oui, nos forces nationales viendront ici et les choses vont changer. Nous n`aurons plus de problèmes ".

Le repas d`adieu

Avant de quitter définitivement leur camp de Bangolo, les soldats de la Licorne ont réuni en " catimini " leurs amis et " partenaires " et passé des moments agréables avec eux. Ainsi, ils ont fait partir d`Abidjan à Bangolo le maire Guiri Aimé, en Hélicoptère. Ils lui ont rendu officiellement la clé du marché qui faisait partie de leur camp, mais qui était un projet que la mairie avait initié avant d`être récupéré et achevé par la Licorne. Après cette cérémonie, les soldats français, le maire Guiri Aimé, le Secrétaire général de la préfecture et bien d`autres personnes proches d`eux sont allés à Man, où ils ont partagé un repas d`adieu. " On a jamais compris comment la Licorne s`est installée à Bangolo. Après les événements de 2004, alors qu`ils avaient été chassés de Bangolo, bizarrement on les retrouve ici, et on apprend que c`est la mairie qui les a fait venir. C`est ce qui se confirme aujourd`hui, par leur coup d`adieu." A révélé un cadre de la région.

Envoyé spécial à Bangolo
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr

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