jeudi 12 avril 2007 par Déclic Magazine

"Bonjour José, le fils de Dieu a quitté la terre des hommesAllan, DCD ce matin". Tel était libellé le message qui venait d'être lancé sur notre portable le samedi 31 mars dernier sous le coup de 9 h 03 mn. Un message signé Marco, le compagnon-manager de l'artiste qui venait d'annoncer le départ du chanteur à la voix robotique, après près de trois mois de maladie dont il s'était apparemment remis.

Dans une situation pareille, notre première réaction a été de sauter dans le premier véhicule pour aller connaître les circonstances de cette mort surprenante. Puisque lors de notre rencontre qui remonte seulement à quelques jours, l'artiste qui présentait bonne mine et qui a exigé même de nouvelles images de son état bien rayonnant, avait reconnu au cours de notre causerie qu'il a vu la mort de près (voir Déclic n° 316) et que le Seigneur ne l?abandonnera pas aux mains de ceux qui souhaitent sa mort puisqu'il a foi en son Sauveur. Or, les circonstances comme l'expliquent ses plus proches amis et parents sont évocateurs de causes qui dépassent l'entendement. ?'C'est depuis la semaine dernière que nous sommes revenus de notre lieu de repos. Il se portait bien et nous avons même ensemble, fait plein de courses en ville. Nous étions fréquemment en contact avec son médecin pour ses soins. Au quartier, il échangeait bien avec tous ses potes. Il a même fait un tour au studio pour son dernier album qui doit sortir. Et c'est depuis ces deux derniers jours qu'il m'a annoncé qu'il sent un malaise. Mais le temps de me rendre compte, il avait perdu l'appétit. Il refusait de manger. Lorsqu'on a informé son médecin, il a demandé qu'on l'évacue d'urgence au CHU de Treichville où il était interné auparavant, notamment dans la clinique interne des soins intensifs. Malgré tous les efforts déployés par les médecins, il avait du mal à se retrouver. Il refusait toujours de manger mais je l'ai encouragé à mettre quelque chose sous la dent et je lui ai même donné une bouteille de coca qu'il a bien vidée. Il m'a dit que ça l'a soulagé. Mais dans la nuit du vendredi au samedi, il a beaucoup pleuré. Chaque fois qu'il me voyait, il coulait les larmes parce que selon lui, son petit frère et moi avons trop souffert pour lui. Toute la nuit, la respiration n'était plus normale. Il se débattait et attrapait son cou comme si on lui serrait la gorge. Malgré les soins qu'on lui administrait, il continuait de se débattre et c'est dans ces circonstances que très tôt le matin du samedi à 6h30, il a rendu l'âme'' Nous a confié Marco, son manager qui durant tout ce temps de maladie a partagé la souffrance de son ami. L'émotion était forte mais il se retient parce qu'il faut faire les courses administratives pour la conservation du corps à la morgue. Samedi dernier déclaré jour férié pour la nuit du Mahouloud, les formalités n'ont donc pu être remplies. Le rendez-vous est pris pour le lundi. Ensemble, le cap a été mis sur Gbata, ce petit quartier populaire sis à Treichville derrière la Cité ARRAS. C'est là-bas qu'habite la mère d'Allan. C'est là qu'il a grandi. En route, son petit frère Paul très abattu par le décès de son grand-frère qu'il adorait tant, ne s'est pas retenu. ?'Sa mort n'est pas simple. Avant de rendre l'âme, il m'a dit des choses ?' A confié Paul, son jeune frère qui est à son chevet depuis que la crise l'a terrassé. Mais les mots sortent difficilement. La gorge est nouée par l'émotion.

L`artiste était aimé de tous mais il était surtout l`idole des tout-petits
ALLAN venait d`achever son 3ème album en studio
ALLAN avait plein de projets,
mais hélas!

En 10 minutes, nous voilà au domicile de sa maman. Quelques unes des s?urs de l'artiste décédé sont en pleurs. Quant à sa mère, elle est dans la maison où elle reçoit la visite des autres femmes du quartier et des autres visiteurs pour le traditionnel ?' yako?' . Apparemment sexagénaire, la belle dame n'avait pas l'air tout a fait bouleversée. Elle était plutôt accueillante et sa mine contrastait nettement avec les circonstances douloureuses du moment. Nous ne passons pas plus de cinq minutes dans l'enceinte de la maison puisque la contiguïté de l'espace s'accentuait au fur et à mesure que les visiteurs arrivaient. Nous sortons donc et trouvons refuge devant un salon de coiffure où se retiraient Allan avec ses amis du quartier. Là-bas, nous apprenons beaucoup de choses. ?'Ils ont tout fait pour achever Allan. On va voir ce qu'ils vont gagner après'', crache furieusement un jeune du quartier, mais à peine il termine ses mots que deux autres lui emboîtent le pas en ces termes : ?'On ne mettra pas les pieds chez eux à la maison pour dire ?'yako'' à quelqu'un parce que franchement, c'est inadmissible ce qu'ils ont fait Nous avons fait toutes les propositions de guérison pour Allan mais, ils se sont tous opposés'', lancent-ils. Apparemment, l'effet de colère est monté d'un cran. Tous les jeunes du quartier, filles comme garçons, ont un seul refrain en bouche : ?'il y a longtemps, ils ont tué Allan'' Et de poursuivre. ?'Mais s'ils l'ont déjà tué, pourquoi laissent-ils les gens gaspiller leur énergie dans son état de malade ?'', se plaignent d'autres. Qui a tué l'artiste ? A cette question, personne ne veut pour l'instant prendre de responsabilité, mais le doigt accusateur est porté sur la famille. Et le côté mystique est perçu au c?ur de cette tragique disparition d'Allan DJ qui a farouchement lutté contre cette mort qui vient de le faucher si jeune. En attendant de vous livrer beaucoup de vérités avec des témoignages poignants de ses plus proches compagnons qui ont vécu ses derniers instants dans notre prochaine parution, avec tout ce qu'il y a comme confidences laissées sur sa maladie, sa vie avec son épouse, ses rapports avec ceux qui lui en voulaient terriblement, sur sa carrière musicale, retenez que l'homme à la voix robotique laisse derrière lui trois gosses et une femme inconsolables. Vous aurez tout le programme des obsèques très bientôt, ses toutes dernières images en exclusivité lors de sa dernière visite à notre domicile avec tout le récit complet d'une journée entière avec lui le dimanche 18 mars dernier. Ce sera dans notre prochaine parution.

José Téti

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